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Lutter, fêter

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Trois jours. Un vendredi, un samedi et un dimanche. Ce week-end des 6, 7 et 8 novembre, le soleil brillait au-dessus de Calais. Sur le campement dit de BMX ce vendredi, deux grandes tentes blanches sont sorties. Sous l’une d’elles, deux grosses enceintes depuis lesquelles bat de la musique érythréenne à pleins décibels.

Durant trois jours, le projet « Mosaïc » a décidé de faire vibrer les campements de personnes exilées au rythme de la fête, de la musique et de l’art. Changer de perspective quand les personnes vivent, pour bon nombre d’entre elles, dehors depuis plusieurs mois, dans le froid. Sur une grande table, des pots de peinture sont disséminés çà et là. Des enfants d’à peine 8 ans s’amusent à dessiner alors qu’un peu plus loin, huit guitares sont posées. Des tambours aussi. Quelques personnes s’en saisissent et provoquent la danse chez les autres.

Comment, lorsque l’on vit les expulsions quotidiennes, les tentatives de passage risquées et infructueuses, les morts que l’on compte lors de drames devenus trop fréquents à la frontière franco-britannique, peut-on sortir la tête de ce quotidien ? Foued, à l’initiative de ce week-end, affiche un sourire radieux sur les campements. Dans les yeux des personnes exilées qui dansent et jouent de la musique, qui font tonner des sons fleurant le pays et la culture des uns et des autres sur de grosses enceintes, il y a ces jours-ci une petite lueur d’espoir. Un oubli de la rudesse de jours qui se ressemblent. « C’était le but », dit Foued, qui, le reste du temps, travaille avec Utopia 56 en maraude.

« Je suis passé la semaine dernière leur proposer de chiller ce week-end, de faire de la musique, de la sculpture ou de la poterie, de bien manger, de se poser, quoi. » Avec plusieurs bénévoles, ils ont fabriqué eux-mêmes un énorme barbecue sur lequel rôtissent des morceaux de poulet, embaumant le campement. Les associatifs de Refugee Community Kitchen ont même apporté de la semoule qu’ils ont cuisinée au hangar des associations. Il y a bien ce gérant de l’enseigne Leroy Merlin qui s’est plaint, grommelant que cela allait faire baisser son chiffre d’affaires, avant de refuser de venir partager un bout de poulet.

Tant pis. C’est un long week-end de trois jours, hors du temps. Avec des rires, des sourires, des moments de fête avec les associatifs aussi, qui sont venus prêter main-forte et proposer des ateliers. Une fois par mois, dans l’idéal, les équipes de Mosaïc veulent investir ces lieux de vie pour proposer un rai de lumière dans l’obscurité, un moment de pause dans la machine infernale de la frontière. En considérant les personnes exilées comme des personnes, avec leur désir aussi de souffler, de penser à autre chose : vivre et ne plus seulement survivre.

Une saison en migrations

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