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Oser les émotions

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« On vou­drait que les éduca­teurs nous fassent des câlins le soir ! » La phrase de cet enfant placé de 9 ans devant Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles, lors du lancement en septembre dernier de la Charte des droits des enfants protégés, résonne comme un appel à l’aide.

Pourtant, depuis les années 1980, le dogme de la « bonne distance » s’est imposé dans le travail social. Et il est toujours recommandé aux professionnels de ne pas trop s’impliquer affectivement auprès des personnes qu’ils soutiennent. Question d’objectivité, d’efficacité, de norme, de rationalité, d’évaluation des bonnes pratiques. « Si un éducateur se montre trop proche d’un bénéficiaire, on considère qu’il ne peut pas avoir une approche responsable », prévient Philippe Gaberan (page 12). A l’inverse, cet éducateur spécialisé propose à ses collègues d’ériger le « savoir aimer » au rang de compétence. L’idée est loin d’être consensuelle mais, en pleine crise d’attractivité des métiers, les travailleurs sociaux recherchent du sens à leur métier. Les confinements liés à la Covid-19 les ont aussi ramenés au cœur de leur mission : la rencontre. Certains commencent donc à remettre en cause ce tabou de l’affect, sans lequel la relation éducative n’existe pas. C’est d’autant plus vrai que la société évolue, que la parole se libère, y compris chez les usagers, et que l’accompagnement n’appartient pas aux sciences exactes mais bel et bien aux sciences humaines. Positives ou négatives, les émotions peuvent parfois servir de boussole aux intervenants face à leurs interlocuteurs, comme en témoigne Alexandrine Laizeau, assistante de service social (page 8). Laisser transparaître ses sentiments, c’est accepter de se montrer vulnérable. Avec ce que cela peut produire de confiance, comme si accompagnant et accompagné échangeaient sur un pied d’égalité. De cette humanité commune peut sortir le meilleur, à condition que le professionnel ne se laisse pas envahir par la colère, la peur, l’espoir ou la joie. Un risque évitable à condition de mettre en place des espaces dédiés, des groupes de parole ou de supervision.

Maël Virat, chercheur en psychologie et invité de notre podcast SMS de la semaine, le rappelle avec force : la gestion des émotions dans le travail social ne relève pas seulement d’une histoire individuelle, mais bien collective. Ancien enfant placé devenu éducateur spécialisé, Christian Haag n’a, quant à lui, aucune difficulté à exprimer son affection envers les jeunes dont il s’occupe (page 10). Comme une réponse à l’amour qu’il a lui-même reçu des professionnels.

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