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Au Mali, l’école « inclusive » pour non-voyants s’agrandit

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Au Mali, l’école « inclusive » pour non-voyants s’agrandit

Crédit photo Étienne Cassagne
Le premier établissement privé d’Afrique de l’Ouest accueillant gratuitement des élèves aveugles a ouvert trois nouvelles classes. Une initiative salutaire mais fragile, qui masque l’effondrement du système scolaire dans l’ensemble de la région.

Le 6 novembre dernier, l’école des jeunes aveugles Youssouf-Diakité a inauguré trois nouvelles classes, situées à Missala, dans la région de Koulikoro (sud du Mali). Une initiative salutaire, tant cette structure privée peine à développer et à financer ses activités, lesquelles reposent essentiellement sur la générosité de donateurs privés. Fondée en 2017 par Youssouf Diakité, lui-même non-voyant et cadre au ministère malien de la Solidarité et de l’Action humanitaire, l’école Eco-Poinçon, antenne historique implantée à Kati, près de Bamako, dispose pour sa part d’un internat qui héberge une quarantaine d’élèves, et les cours sont dispensés par une enseignante non-voyante diplômée de l’institut universitaire de formation des maîtres (IUFM), assistée d’un collègue chargé de copier aux tableaux les leçons pour les élèves voyants.

« Mon école est la première école primaire inclusive du pays, et aussi le seul lieu où les enfants non voyants peuvent être scolarisés gratuitement. Seuls les enfants voyants paient, leurs frais de scolarité s’élèvent par mois à 2 000 francs CFA [soit 3 €, ndlr]. Au Mali et dans toute la région, ces enfants sont souvent vus comme un fardeau par leurs familles, qui estiment qu’ils ne seront jamais capables de réussir dans la vie. Elles les contraignent donc souvent à devenir mendiants. A Bamako, de nombreux non-voyants font ainsi la quête au bord des routes, manquant souvent de peu de se faire renverser par les motos-taxis », confiait Youssouf Diakité en janvier 2019 au micro de France 24.

La région souffre effectivement d’un énorme déficit de prise en charge des personnes handicapées, qu’il s’agisse de structures scolaires ou de santé. Et même, jusqu’à peu, d’une simple législation. Le Mali vient ainsi d’adopter une première loi censée « faciliter l’insertion sociale des personnes vivant avec un handicap ; concrétiser l’égalité des chances ; promouvoir, protéger et assurer la pleine et égale jouissance de tous les droits humains et des libertés fondamentales par les personnes vivant avec un handicap ; adapter les services publics et privés aux besoins des personnes vivant avec un handicap ».

Une feuille de route parfaitement inapplicable au vu de la dégradation du climat sécuritaire dans l’ensemble de la région du Sahel, et qui a déjà provoqué la fermeture de milliers d’établissements scolaires au Mali, au Niger et au Burkina Faso. « L’insécurité persistante et croissante a contraint près de 2 000 écoles à fermer leurs portes ou à cesser de fonctionner », alertait déjà le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) en février 2019. « Cela représente une multiplication par deux du nombre d’établissements d’enseignement fermés de force ou qui ne fonctionnent pas depuis 2017. Des menaces contre le personnel éducatif, des attaques contre des installations scolaires et l’utilisation d’écoles à des fins militaires ont perturbé l’éducation de plus de 400 000 enfants dans les trois pays et forcé 10 050 enseignants à ne pas travailler ou à se déplacer à cause de la violence », ajoutait l’agence dans un communiqué.

Un contexte d’insécurité croissante

En mai 2020, quelques semaines après le début de la crise sanitaire, mais avant la fermeture des écoles nationales liées aux politiques de confinement, l’ONG Human Rights Watch livrait d’autres statistiques, encore plus accablantes : 2 512 écoles fermées pour le seul Burkina Faso, 1 261 au Mali et 354 au Niger. Des établissements scolaires menacés, quand ils ne sont pas pillés ou brûlés. La structure fondée par Youssouf Diakité a la « chance » de se situer dans la zone encore contrôlée par le gouvernement provisoire issu du putsch militaire d’août 2020. Mais pour combien de temps ?

… et d’ailleurs

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