L’interasso. Un mot dans la bouche d’à peu près tous les bénévoles que l’on croise à Calais. L’interassociation, c’est l’une des grandes forces du tissu associatif présent aux côtés des personnes exilées. Tous les mardis, dans les locaux du Secours catholique de la ville, tous se réunissent autour d’une table. Tous ont des notes entre les mains : les retours du terrain, les observations de la semaine passée, les points importants à aborder…
L’interasso s’est consolidée en 2014 et fédère depuis les acteurs du terrain. A Grande-Synthe, une interasso a vu également le jour face à l’afflux de personnes exilées. Autour de la table ce mardi, se trouve Salam, association présente depuis près de vingt ans sur les campements calaisiens et qui distribue à de nombreux endroits de la nourriture et des petits-déjeuners. Le Secours catholique a également pris place, lui qui propose un accueil de jour et un accompagnement. Tout comme Utopia 56, qui maraude quotidiennement sur les lieux de vie ainsi que sur les plages lors des départs. Présente aussi, Refugee Community Kitchen, la grande cuisine du hangar des assos, qui prépare et distribue de nombreux repas. Et puis encore, La Cabane juridique, Médecins du monde, Human Rights Observers, le Calais Food Collective, L’Auberge des migrants, la Croix-Rouge, Shanti, ECPAT…
En moyenne, ils sont une quinzaine de bénévoles à se retrouver pour dresser un bilan de la situation et prendre des décisions en commun. Le fonctionnement est à l’image d’une petite assemblée générale. Chacun prend la parole à tour de rôle et, traditionnellement, ce sont les associations qui font des distributions qui commencent, car elles sont à même d’estimer le nombre de personnes exilées sur les campements. Les chiffres habituellement donnés surpassent (et de loin) ceux donnés par l’Etat et les associations mandatées par les préfectures, qui ne comptent que le nombre de repas qu’elles distribuent pour estimer le nombre de personnes présentes sur les campements.
Depuis l’expulsion de plus des 7 000 personnes qui habitaient la « grande jungle » en 2016 et la volonté assumée des autorités d’empêcher tout « point de fixation » à Calais, les rapports entre l’interasso et les autorités se sont également tendus. A l’image du boycott par les associations, ces dernières semaines, des réunions avec Didier Leschi, le médiateur mandaté par le gouvernement et les préfectures. Claire Millot, secrétaire générale de Salam, le soutient : « Dans ces moments, tout le monde met ses divergences dans sa poche, et ça, ça aide pour la suite. »