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Un tabou à travers le monde

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Alors que, dans son premier avis, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) vient de recommander aux professionnels d’« adopter une culture de la protection », l’anthropologue Maurice Godelier se penche sur l’inceste à travers les âges et les civilisations. Un pas de côté savant, loin de l’actualité brûlante du sujet. Si « toutes les sociétés humaines font de l’inceste un tabou, cette universalité revêt des formes très différentes », affirme-t-il. Ainsi, dans l’Égypte ancienne, contrairement à l’Occident, une union entre frères et sœurs n’était pas considérée comme incestueuse. De même, la prohibition de l’inceste varie selon les religions. Dans l’Europe catholique, jusqu’au XIIe siècle, les mariages n’étaient-ils pas des alliances entre familles ? Quant à la censure en matière de pratiques sexuelles, elle a été conditionnée par le christianisme durant deux millénaires. L’interdiction prend aussi en compte la place de l’enfant à sa naissance. Quatre formes de descendance existent en effet. Soit l’enfant est la fille ou le fils de ses parents, soit il incarne le clan de son père et de sa mère. Ou bien les garçons appartiennent au camp du père et les filles à celui de la mère. L’enfant peut enfin découler indifféremment de la famille du père et de la mère et de celle de ses grands-parents. La définition de l’inceste, qui dépend aussi des liens de parenté, peut changer au sein d’une même société. A Bali, par exemple, des jumeaux de sexe différents nés dans une famille aristocratique sont bénis par les dieux et peuvent se marier. Mais s’ils voient le jour dans une famille commune, ils sont considérés comme « porteurs de l’inceste ; les parents sont alors bannis et le village où sont nés les enfants doit être rituellement purifié », explique le spécialiste. Son livre, sous forme de questions-réponses faciles à lire, aborde aussi la question de l’inceste chez les animaux, la domination masculine, le genre, les mères porteuses, l’homosexualité, l’adoption et les familles recomposées.

Notes

« L’interdit de l’inceste à travers les sociétés » – Maurice Godelier – CNRS éditions, 15 €.

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