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Amal

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Près de 8 000 kilomètres depuis la frontière entre la Turquie et la Syrie. 8 000 kilomètres habituellement effectués par des hommes, des femmes et des enfants, depuis le début de la guerre civile syrienne, en 2011. Pourtant, le dimanche 17 octobre à Calais, c’est une marionnette haute de plus de 3 mètres qui vient d’entrer dans la ville au terme de ce long périple.

Enfin, pas vraiment dans la ville, car la mairie n’a pas souhaité que la « petite » Amal, représentant une enfant de 9 ans qui fuit la guerre, puisse déambuler dans le centre. Depuis son départ le 27 juillet de Gaziantep, en Turquie, c’est la seule ville qui n’a pas souhaité s’investir dans sa venue. La maire préfère se concentrer sur le passage en 2022 du Tour de France, « plus positif pour la ville ». Amal, elle, représente l’exil des enfants.

Tout part de GoodChance Theatre, le projet mené par Joe Robertson et Joe Murphy, deux auteurs britanniques. En 2015, ils posent un dôme dans la « jungle » de Calais, bidonville qui a accueilli jusqu’à 10 000 personnes. Avec les exilés, ils mettent en scène, travaillent, jouent.

Ce dimanche, avec plusieurs compagnies, ils débarquent à Calais, devant les yeux intrigués des Calaisiens et Calaisiennes et de nombreux bénévoles mobilisés sept jours sur sept pour venir en aide aux personnes exilées dans la ville. Trois cents personnes suivent la déambulation d’Amal, la regardant d’en bas. Une cuve d’eau est installée et, tout autour, des gens déguisés en rochers empêchent Amal d’y accéder. La jeune marionnette s’approche, se baisse et prend à deux mains les rochers pour les déplacer. La foule applaudit à ce clin d’œil aux événements de ces dernières semaines à Calais (voir ASH n° 3226 du 24-09-21, page 30).

La marionnette se met en marche, passe saluer les habitants à leurs fenêtres, dans un quartier populaire où les manifestations culturelles n’ont habituellement pas lieu. Devant elle, deux musiciens bretons jouent de la flûte et du violon. Gabriel et Jean-Luc avancent, en rythme. Mais ça n’est pas de la musique bretonne. Ils interprètent un morceau traditionnel soudanais qu’ils ont appris à Calais auprès d’exilés. A leurs côtés, on danse, on tape du pied, on avance.

Derrière Amal, de nombreux enfants sont présents. Dans leurs petites mains, les cerfs-volants fabriqués dans les restes des tentes saisies et découpées durant les expulsions pour empêcher leur réutilisation. Un symbole d’espoir et de liberté cher à Anaïs et Ludovic, deux bénévoles qui ont participé à leur confection. Aujourd’hui, ils ne sont pas là, ils sont en grève de la faim dans l’église Saint-Pierre. Mais, dans la marche, de nombreuses pancartes leur témoignent un soutien inconditionnel. Leur manifeste est même lu, à l’arrivée sur la petite place cernée d’immeubles en béton. C’était l’une des dernières étapes d’Amal en France, avant qu’elle rejoigne par la mer le Royaume-Uni avec sa compagnie, après 8 000 kilomètres à travers l’Europe.

Une saison en migrations

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