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Au Québec, grave pénurie d’éducatrices spécialisées

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Au Québec, grave pénurie d’éducatrices spécialisées

Crédit photo Étienne Cassagne
La province a augmenté le salaire de 50 000 éducatrices pour tenter d’enrayer la désertion qui frappe les centres de la petite enfance. Une mesure insuffisante, estiment les syndicats.

Confronté à une importante pénurie de main-d’œuvre, la province du Québec a annoncé le 14 octobre, par la voix de Sonia LeBel, présidente du Conseil du Trésor, sa décision unilatérale d’augmenter les salaires d’environ 50 000 éducatrices spécialisées des centres de la petite enfance (CPE) et des garderies subventionnées. Des hausses comprises entre 9 % et 17 % en fonction de la qualification et du nombre d’heures travaillées, et qui correspondent à une offre patronale émise au mois de juillet, laquelle n’avait pas vraiment séduit les syndicats qui demandaient initialement jusqu’à 27 % d’augmentation. Les négociations continuent cependant, et les syndicats sont clairement en position de force, tant le Québec est confronté à une véritable désertion de la profession, qui attire de moins en moins d’étudiantes, et où les professionnelles sont nombreuses à démissionner pour chercher de meilleurs salaires et, surtout, des conditions de travail plus favorables. Et ce, alors que la pandémie sanitaire et la fermeture des frontières ont asséché les circuits de recrutement des éducatrices spécialisées venant de l’étranger, de France en particulier. Au Québec comme dans l’ensemble du Canada, les possibilités d’immigrer pour travailler sont conditionnées à l’état du marché de l’emploi. En clair, un candidat à l’entrée légale doit justifier de son apport personnel et garantir que son projet professionnel ne se fera pas au détriment des demandeurs d’emploi canadiens.

Fermetures de structures

« Le salaire actuel, force est de le constater, n’attire pas de nouvelles éducatrices dans le réseau, pas plus qu’il ne contribue à les retenir. Il faut avoir un impact maximal, rapide, et je dirais même immédiat sur la rétention et les inscriptions aux formations », veut croire Sonia LeBel, alors que les CPE alertent depuis des mois, voire des années, sur la dégradation du marché de l’emploi. En octobre 2020, plusieurs structures d’accueil avaient été contraintes de fermer leurs portes et Brigit Larouche, directrice de l’une d’entre elles, avait témoigné sur les ondes de Radio-Canada : « Je suis la première à poser ce geste, mais ce n’est qu’un début. D’autres collègues dans la région sont sur le point aussi de mener des actions. Une pénurie de main-d’œuvre n’arrive pas comme ça. Il y a des signes depuis longtemps. On répète souvent au gouvernement que la profession doit être valorisée. C’est dur, parce qu’on ne se sent pas écoutés. »

Revalorisations insuffisantes

Après cette première victoire surprise, les syndicats entendent pousser leur avantage et maintiennent des préavis de grève, notamment pour obtenir de meilleures revalorisations salariales et que celles-ci soient inscrites dans le marbre des conventions collectives. « Pour nous, c’est une bonne nouvelle, parce que le gouvernement reconnaît qu’il y a une urgence d’agir et de freiner l’exode », reconnaît Stéphanie Vachon, représentante du secteur des CPE à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN). « Maintenant, on sait que ça n’est pas suffisant. Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’on demande et cela ne couvre pas les autres appellations d’emplois. On va continuer à négocier quand même », ajoute-t-elle.

Les positions des deux parties se rapprochent. La Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec a rejeté la dernière offre du gouvernement, mais elle a revu à la baisse sa position initiale de 27 % d’augmentation de salaire pour le premier échelon, et 21 % pour le dernier. La nouvelle proposition du syndicat se traduirait par une hausse de 20,3 % sur trois ans, une offre susceptible d’apaiser le conflit social en cours mais qui ne réglera pas à court terme une crise qui prive des dizaines de milliers d’enfants d’un accès aux CPE.

… et d’ailleurs

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