Nous aurions tort de croire les associations luttant contre la pauvreté à l’abri des haines de l’époque.
C’est ce qu’enseigne la démission collective des bénévoles aux Restos du cœur de Fréjus, dans le Var. Depuis plusieurs mois, ils refusaient de se conformer à la charte de l’association fondée par Coluche, qui stipule que tous les bénéficiaires potentiels doivent être accueillis sans discrimination ni sélection.
Depuis le début de la crise pandémique, ces drôles de volontaires affichaient toute leur mauvaise volonté lorsqu’il s’agissait de nourrir des exilés ou des étrangers en situation irrégulière. Une attitude ayant provoqué de vives tensions avec la direction départementale de l’ONG et qui a finalement conduit à cette démission collective.
Une catastrophe pour les 200 familles qui comptent sur cette aide alimentaire pour survivre, à seulement quelques semaines du début de la saison hivernale.
Si toutes les bonnes volontés sont en général les bienvenues, il sera difficile de regretter les coups de main de gens capables de hiérarchiser la misère sur des critères de nationalités. Cette xénophobie assumée interpelle, alors même que le débat politique penche (très) dangereusement à l’extrême droite à cinq mois de l’élection présidentielle.
Si ce type de dérive ne peut être ignoré, il convient aussi de saluer la fermeté des cadres de l’association, qui n’ont pas transigé avec les valeurs fondatrices de leur structure. Une direction départementale qui s’est réorganisée en urgence pour que la distribution des produits et des vivres se poursuive, malgré ce mauvais coup.
Le caractère mesuré de leurs déclarations, de nature à apaiser une situation pouvant s’envenimer, démontre leur finesse et leur sens de la diplomatie. Des déclarations qui prouvent aussi qu’ils n’ont pas oublié le parcours de Coluche. En 1990, le fondateur des Restos du cœur confiait à nos confrères de L’Etudiant : « Quand j’étais petit à la maison, le plus dur, c’était la fin du mois… Surtout les 30 derniers jours. »