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Le boom des formations

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Omniprésentes dans les débats théoriques, les neurosciences transforment progressivement les pratiques professionnelles. Une aubaine pour les instituts de formation, nombreux à surfer sur la vague.

Une simple recherche web suffit à mesurer l’ampleur du phénomène. L’Actif, l’IRTS Hauts-de-France, l’Ireis de Haute-Savoie, le Cnam, etc. Les organismes proposant des formations continues en neurosciences destinées à un public très large (psychologues, éducateurs, instituteurs gestionnaires d’établissement) fleurissent par dizaines. Si leur appellation et leur durée diffèrent, leur promesse est identique : offrir une compréhension des mécanismes cérébraux pour repenser l’accompagnement à la lumière des dernières découvertes sur le système nerveux.

Autre similarité, ces stages démarrent invariablement par une présentation des grandes étapes du développement du cerveau. Ainsi, pour illustrer la plasticité neuronale, les formateurs n’hésitent pas à s’appuyer sur des imageries médicales où il est question de thalamus, d’amygdales et d’hypothalamus. « Au début, ça peut paraître un peu confus, mais c’est en réalité assez simple à appréhender pour des non-spécialistes. On utilise un schéma du système nerveux, on explique comment fonctionne la médiane, la façon dont les émotions naissent et l’impact qu’elles ont sur le physiologique et le psychologique. C’est une porte d’entrée nécessaire pour mieux comprendre notre fonctionnement au niveau neurologique. C’est un peu comme quand vous voulez faire tourner votre nouveau lave-linge. La première chose que vous faites, c’est de regarder le mode d’emploi », illustre Christine Casset, formatrice pour l’Actif et coanimatrice de la formation « Repenser le regard porté sur l’enfant sous le regard des neurosciences affectives et cognitives ».

Changement de logiciel

A référentiel théorique équivalent, chaque formation propose toutefois sa propre mise en pratique pour aider les participants à s’approprier de nouvelles méthodes de communication. Ceux-ci sont invités, au travers d’ateliers, de supports interactifs ou d’échanges entre pairs, à affiner leur perception des comportements relationnels, affectifs et cognitifs dans un contexte donné. L’objectif ? Se familiariser avec les techniques favorisant le calme, la concentration et l’attention à l’autre. « Cela n’est pas suffisamment abordé dans les écoles du travail social. On n’y apprend pas, par exemple, l’importance du “prendre plaisir” dans le quotidien et on n’aborde que très brièvement la notion d’“attachement”. Or, durant ces temps de formation, on cherche à acquérir de nouveaux réflexes pour innover et enrichir ses pratiques. Cela passe essentiellement par l’expérimentation », décrypte Cindy Vuillaume, directrice d’une maison d’enfants à caractère social (Mecs) en Moselle.

Depuis fin 2018, l’ensemble des salariés de sa structure bénéficient des services d’un ingénieur social, Hervé Reiss, qui, outre la réalisation d’analyses de pratiques, accompagne l’équipe sur le volet éducatif. La valeur ajoutée ? Les temps d’immersion lors desquels il propose des grilles de lecture sur les situations qui posent le plus souvent problème. « Quand j’interviens dans un établissement ou un service, c’est un travail de longue haleine qui dure en moyenne trois ans. Le temps de sortir des mécanismes de rétroactions négatives et de changer tout le logiciel pour passer du simple apaisement à la dimension vraiment soignante », justifie le spécialiste.

Bénéfices immédiats

Si la démarche est chronophage, elle se heurte aussi à la réticence de certains travailleurs sociaux, particulièrement réfractaires à cette approche. « Quand on a grandi dans un modèle coercitif, cette approche se cogne à des croyances très solidement chevillées au corps. Cela exige de déconstruire ses propres représentations et c’est difficile, mais cela en vaut la peine parce qu’une fois qu’on commence à se focaliser sur les ressources de l’autre, les bénéfices sont immédiats, tant pour le professionnel que pour la personne accompagnée », poursuit le formateur.

Reste que, pour la plupart des professionnels formés à la psychologie positive, les bénéfices sont tangibles. En particulier pour ceux qui souffrent d’une forme d’impuissance face à des problèmes qu’ils ne parviennent pas à résoudre. « Ce type de module attire en général les travailleurs sociaux qui sont en contact avec des adultes et des enfants que l’on classe comme “difficiles”, constate Christine Casset. Il ne vient pas remplacer les apports théoriques de la formation initiale, mais la compléter. Au début, cela peut surprendre, mais une fois que l’on a compris comment ça marche, cela ouvre des perspectives rassurantes qui, si elles ne sont pas miraculeuses, facilitent le contact avec les bénéficiaires de l’accompagnement social. »

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