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Afrique du Sud : essor de l’aide aux sans-abri, explosion de la pauvreté

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Afrique du Sud : essor de l’aide aux sans-abri, explosion de la pauvreté

Crédit photo Étienne Cassagne
Les budgets, en timide hausse, d’aide aux Sud-Africains sans domicile fixe masquent le nombre de plus en plus élevé de cette population, dans un pays laminé par la crise économique.

Début octobre, la ville du Cap a annoncé une hausse de 4,5 millions de rands (267 500 €) des dépenses de son département de développement social pour l’année 2021. Une somme intégralement consacrée à renforcer les interventions pour aider les personnes vivant dans la rue. « L’itinérance est l’une des questions très complexes de la société, et elle suscite des opinions très fortes. Des débats sains et éclairés sont essentiels au processus alors que nous nous efforçons de trouver des solutions durables », explique le docteur Zahid Badroodien, chargé des services communautaires et de la santé, qui vante des opportunités d’emploi pour 934 personnes grâce à un programme élargi d’accès aux travaux publics, en partenariat avec des associations locales. « Malheureusement, regrette-t-il, nous constatons que la conversation se limite souvent à la question des espaces d’abri comme solution miracle. Ce faisant, les efforts gigantesques de notre unité de réinsertion pour aider les gens à sortir de la rue de manière durable passent inaperçus. »

Paradoxe de la nation « arc-en-ciel »

Les services sociaux de la ville du Cap multiplient par exemple les démarches pour aider les sans-domicile fixe (SDF) à obtenir des documents d’identité, lesquels permettent de demander des allocations gouvernementales, de postuler à un emploi ou de trouver un logement. Mais les municipalités n’ont en réalité qu’une faible marge de manœuvre pour lutter contre l’explosion du nombre de sans-abri, dans un pays où le budget constitutionnel de l’aide sociale demeure aux mains des gouvernements national et provinciaux, quand l’Afrique du Sud traverse une crise économique d’une violence inédite. En septembre, dix-huit mois après un premier confinement imposé, le chômage a atteint 34,4 %. Etaient alors concernées 40 % de femmes noires. La suspension drastique des déplacements a été particulièrement éprouvante pour les sans-abri, après l’ordre donné par le président Cyril Ramaphosa à la fin mars 2020 décrétant l’interdiction pure et simple des SDF dans les rues. Les municipalités n’ont eu alors que quelques jours pour s’adapter et dresser en urgence des structures d’accueil, tandis que la police massait les surplus de population à la rue dans des églises ou des stades, qui ont, à l’instar de celui de Pretoria, concentré plus de 2 000 personnes.

Voilà bien l’un des paradoxes de la nation « arc-en-ciel » : réputé pour être l’un des plus inégalitaires du monde, le pays alterne pour autant, sous l’action de l’Etat, mesures autoritaires et programmes ambitieux, héritage d’une Constitution particulièrement progressiste. Ainsi, depuis 1994, près de 3 millions de logements ont été construits et attribués gratuitements aux plus mal logés, même si 2 millions de Sud-Africains restaient inscrits sur les listes d’attente avant le début de la crise sanitaire. Quant aux SDF illégalement délogés par la police ou les sociétés de sécurité privées qui pullulent dans le pays, ils peuvent avoir recours à l’article 26.3 de la Constitution, selon lequel nul « ne saurait être expulsé de son domicile ou voir son logement détruit sans un ordre d’un tribunal, après avoir pris en considération toutes les circonstances liées à cette action ».

En août dernier, quatre hommes ont de cette façon obtenu gain de cause auprès de la Haute Cour du Gauteng (province de Johannesburg), après leur expulsion d’un parc public et la destruction de leur abri de fortune. Le tribunal a ordonné non seulement leur réinstallation dans le parc, mais également la restitution de leurs effets personnels saisis ou détruits, soit « des tentes de fortune, des matériaux de construction, du bois, des vêtements, des chaussures, de la nourriture, des téléphones mobiles et des déchets recyclables ».

… et d’ailleurs

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