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Trois cent quatre

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Trois cent quatre. C’est le nombre de personnes mortes à la frontière franco-britannique depuis 1999. Mardi 28 septembre au petit matin, Yasser, un Soudanais de 20 ans, est mort sous les roues du camion dans lequel il tentait de monter pour rejoindre le Royaume-Uni.

Le soleil n’était pas encore levé à Transmarck, lieu où les camions de fret passent la nuit, entourés de grillages, de barbelés et surveillés par des vigiles et des policiers. A quelques pas de là, au moment de l’accident, ses amis ont appelé le numéro d’urgence de l’association Utopia 56. Arrivés sur les lieux, les bénévoles ont vu les pompiers partir et, au sol, un drap blanc qui recouvrait le corps. Les policiers ont demandé aux associatifs de ne pas prévenir tout de suite les autres exilés. Mais très vite, tout le monde a compris. Et la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre dans les campements et sur les réseaux sociaux.

Le matin même, ces bénévoles ont appelé la préfecture, puis le commissariat espérant que, pour une fois, il n’y ait pas d’expulsion sur le campement où bon nombre des proches de Yasser vivent en ce moment. Mais rien n’enraye la machine à expulser. Quelques heures après le drame, les gendarmes entraient sur les campements et saisissaient les tentes de ceux qui venaient à peine d’apprendre la mort de leur ami.

Dans le cimetière Nord de Calais, jeudi 7 octobre, en début d’après-midi, on a pleuré Yasser. Il a été enterré dans le carré musulman, un imam guidant les prières de ses amis. De la tristesse, du recueillement, des accolades de réconfort. Quelques membres des associations aussi, discrètement venus rendre un dernier salut à ce garçon. Quelques jours plus tôt, à l’hommage qui lui était rendu au centre-ville, une lettre ouverte avait été lue par ses proches. « Nous avons perdu le sourire de notre cher frère Yasser. Hier encore, il jouait avec nous. »

Le lendemain, c’était un vendredi, l’accueil du Secours catholique était plein. Des dizaines de personnes exilées sont venues préparer la manifestation du jour en hommage au disparu. Mais aussi pour dénoncer les conditions de vie sur les campements. « Ouvrez les frontières ! », pouvait-on lire sur des pancartes. D’autres brandissaient des portraits de Yasser. Omar, 24 ans, tenant une photo à bout de bras : « Nous sommes là car l’un d’entre nous a été tué. » Une autre banderole, plus loin, dénonce l’absence de couverture médiatique. La marche ne traverse pas le centre-ville. Elle n’en a pas eu l’autorisation.

La veille de la manifestation, un rapport de Human Rights Watch dénonçait le harcèlement subi par les personnes exilées sur les campements et les humiliations quotidiennes dont elles sont victimes.

Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, est venu en personne 24 heures plus tard féliciter les policiers de leur engagement au quotidien dans la lutte contre l’immigration clandestine.

Une saison en migrations

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