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Déchets et déni

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Juin 2020, au conseil municipal de Calais. « C’est non ! C’est non ! » Ce fut la réponse de la maire Natacha Bouchart à Jean-Philippe Lannoy, élu d’opposition. La question ? « Allez-vous enfin, comme vous le réclament les associations depuis des années, mettre à disposition des bennes pour que les migrants puissent tout simplement jeter leurs déchets ? »

En France, les déchets ménagers représentent près de six quintaux par an et par habitant. Ce sont les derniers chiffres pour 2020 de l’Ademe, l’organisme public chargé de la transition écologique. 580 kilos, pour être exact. De Dunkerque à Marseille en passant par Caunette-sur-Lauquet, commune de six habitants dans l’Aude, toute la France bénéficie d’un service de ramassage des déchets.

Ou presque. Car à Calais, dans les campements des exilés, les services publics ne passent pas. Il y a bien eu, un jour, quelques discrètes résistances des services de ramassage. Mais, depuis quelque temps, plus rien. Ce jeudi 23 septembre au soir, dans ce même camp de Coquelles où la préfecture a installé d’imposants rochers pour empêcher les associations de remplir une cuve d’eau(1), les sacs poubelle remplis s’amoncellent sur les palettes en bois. Les rats courent dessous, les moucherons volent au-dessus. Le chemin barré, les camions-bennes ne seraient de toute façon plus en mesure d’accéder au site pour procéder au ramassage.

L’association Shanti se démène pourtant depuis des mois. Tous les vendredis, Ludovic et Anaïs viennent, gantés et pilotant leur camionnette cabossée, récupérer les poubelles afin de les déposer dans le seul conteneur de toute la ville mis à disposition des personnes en transit vers l’Angleterre, situé à une dizaine de kilomètres. Ce vendredi, ils sont contrôlés par des policiers avant d’arriver sur les lieux. En une vingtaine de minutes seulement, ils récupèrent les sacs entreposés dans les deux conteneurs fabriqués avec des palettes, construits au cours de l’été par des scouts de passage. A leurs côtés, quelques Soudanais les reconnaissent, apportant des sacs qu’ils posent directement dans la camionnette.

Lors de ce même conseil municipal de juin 2020, la maire avait ajouté : « Non, on a l’expérience, on sait comment ça se passe, on a déjà tout essayé. Qu’on mette des bennes ou qu’on ne mette pas de bennes, ça ne sert à rien. » Un discours démenti par la réalité du terrain. En quelques semaines seulement Ludovic et Anaïs, qui récupéraient d’abord des déchets jetés en vrac, ont distribué des sacs et expliqué leur importance. Ce vendredi matin, les palettes sont pleines. Toutes les ordures ont été placées dans des sacs. Et le ramassage s’est déroulé rapidement, proprement. « Quand j’entends la maire dire que ça ne marcherait pas… Cette mauvaise foi me sidère », déplore Ludovic. Ils ont lancé une pétition, qu’ils s’attellent à faire signer par les Calaisiens et les Calaisiennes depuis des semaines, pour que la commune prenne enfin ses responsabilités et veille au ramassage des déchets dans les campements.

Notes

(1) Voir ASH n° 3226 du 24-09-21, p. 30.

Une saison en migrations

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