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Belgique : Vers un dépeuplement des prisons

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Belgique : Vers un dépeuplement des prisons

Crédit photo Étienne Cassagne
Le Conseil central de surveillance pénitentiaire plaide pour davantage de peines alternatives afin d’améliorer la condition de détenus frappés par une « double peine » pendant la pandémie sanitaire.

Alors que la population carcérale avait sensiblement décrue au début de la crise sanitaire, les tendances sont de nouveau à la hausse, s’alarme le Conseil central de surveillance pénitentiaire (CCSP) dans son nouveau rapport annuel. Comme en France, le gouvernement belge avait pris une série de mesures pour réduire le risque de contamination des détenus et du personnel, permettant la libération d’un millier de personnes (soit 10 % environ du nombre total) répondant aux conditions pour bénéficier d’une interruption de peine, notamment en avançant les échéances des libérations anticipées.

« La crise sanitaire nous a tous placés dans une certaine forme de privation de liberté », relève le CCSP, qui exerce, en vertu de la loi de principes du 12 janvier 2005, un contrôle indépendant sur les prisons et sur le traitement réservé aux personnes détenues : « Les personnes en détention, elles, ont vécu cette situation exceptionnelle et son lot de mesures destinées initialement à les protéger comme un enfermement dans l’enfermement. Une double peine. Un isolement physique, une dé-privation sociale, psychologique, affective. Sans compter la mise à l’arrêt de pratiquement toutes leurs démarches visant à préparer leur sortie. »

L’occasion manquée

Les commissions de surveillance, émanations du CCSP, insistent particulièrement sur l’impact de cette « double peine » sur la santé mentale, créant un climat de tensions « alimentées par la peur, l’anxiété, la nervosité, la suspicion, l’incompréhension, voire une certaine résignation et un grand sentiment d’injustice », aboutissant à « la dégradation de la situation psychologique d’une grande partie des personnes détenues ». Dans ce contexte extrêmement difficile, l’allégement du nombre de prisonniers n’a posé aucun problème particulier, souligne Marc Nève, président du CCSP, cité par la VRT NWS, principal média pour la communauté flamande de Belgique. Ces commissions « ont rendu possible l’espoir de réduire drastiquement la population carcérale. La volonté politique combinée à l’engagement des acteurs judiciaires a permis de libérer ou de maintenir en liberté des centaines d’individus sans danger pour la sécurité. »

Le Conseil central regrette cependant une « occasion manquée » puisque ces mesures temporaires ont été levées, tandis que le nombre de détenus dans les prisons est revenu à son niveau antérieur, alors que la Belgique figure parmi les « mauvais élèves » sur le plan de la surpopulation carcérale. Selon un rapport du Conseil de l’Europe publié en avril dernier, le pays, troisième sur ce triste podium, compte 117 prisonniers pour 100 places, derrière la Turquie (127) ou l’Italie (120), mais devant la France (116). La Belgique aurait pu « résoudre le problème de ses prisons surpeuplées de façon structurelle, comme cela a été le cas dans des pays où les autorités ont décidé de ne plus sanctionner certains délits par une peine de prison. Pourquoi ne pourrions-nous pas suivre cette voie ? », s’interroge Marc Nève.

Une recommandation que le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne assure avoir entendue, se disant même convaincu par l’idée dans l’émission De Ochtend diffusée par Radio 1 : « Lorsqu’on regarde les chiffres, on constate que la Belgique n’exagère pas avec les détentions : notre pays compte 93 détenus pour 100 000 habitants, contre une moyenne de 103 en Europe. Nous avons toutefois besoin de places supplémentaires. Les nouvelles prisons de Haren et Termonde ouvriront leurs portes l’année prochaine, mais cela ne suffira pas », admet-il. Tout en mentionnant la rénovation à venir du code pénal : « Pour certaines infractions, nous allons travailler sur des peines alternatives », promet-il.

… et d’ailleurs

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