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Sisyphe, la carapace et le tocsin

En chaque travailleur social sommeille un Sisyphe. Tel le héros du mythe grec popularisé par Albert Camus, les professionnels du social et du médico-social tentent inlassablement de rouler leur propre rocher tout en haut de la montagne de leur accomplissement. Et comme nous invite à le croire l’écrivain, il existe de nombreux Sisyphes heureux. Mais ceux qui trouvent à la fois de la joie et du sens dans la réalisation de leurs tâches se font de plus en plus rares. Devenues impossibles à mobiliser, les pierres ont déjà écrasé plus d’une vocation. Les manques de moyens et de ressources sont devenus si insurmontables qu’ils sont nombreux à vouloir jeter l’éponge.

De manière inédite, l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et des organismes privés sanitaires et sociaux) a publiquement manifesté son désarroi la semaine dernière. Une profonde inquiétude partagée par d’autres acteurs privés, mais également publics tels que le Gepso (Groupe national des établissements publics sociaux et médico-sociaux).

L’absence d’attractivité des métiers, couplée à une attitude aussi indifférente que méprisante de la part des pouvoirs publics, produit chaque jour des effets plus délétères. Même si quelques rectifications ont été effectuées à la marge, le Ségur de la santé continue de saigner à blanc les effectifs des établissements et services, privés de revalorisations salariales. Une hémorragie d’une ampleur telle que des fermetures de structures sont désormais envisagées, au détriment des usagers et de ceux qui les prennent en charge.

L’organisation sociale française est assimilable à la carapace d’un crustacé. Mais une carapace transparente, dont l’exécutif sous-estime l’importance structurelle. Cette cuirasse est en cours de dissolution. Et rien ne semble à ce jour entrepris pour endiguer un phénomène dont personne ne mesure toutes les conséquences, à court ou à long terme.

Alors que des centaines d’heures d’antenne sont consacrées aux pulsions rances d’une classe médiatico-politique qui sédimente méthodiquement les ferments de la haine, les mots du poète Nicolas de Chamfort résonnent avec une particulière acuité : « En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui sonnent le tocsin. »

Éditorial

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