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Retour en famille, l’angle mort

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Éloigner un temps les enfants de leur famille pour les préserver d’un danger suppose de préparer leur retour lorsque les conditions le permettent. Cette problématique, au cœur de la protection de l’enfance, reste pourtant largement négligée. Ainsi, et aussi surprenant que cela puisse paraître, aucune donnée précise n’existe sur le nombre d’enfants revenant chez leurs parents après un placement, ni sur le taux de réussite ou d’échec de cette réunification familiale. Selon la fondation Action Enfance, 8 % à 16 % des enfants qu’elle accueille sont à nouveau placés après être rentrés chez eux. D’où l’importance d’un accompagnement approprié pour soutenir les enfants et leurs familles lors de cette période hautement sensible, génératrice d’angoisses et de nouvelles ruptures, comme le souligne Sophie Perrier, directrice adjointe à l’innovation, à l’appui et à la qualité de la fondation, invitée de notre podcast SMS de la semaine. C’est également le sens des préconisations émises par la Haute Autorité de santé (HAS) en juillet dernier, axées sur la pertinence du retour, son organisation et la sécurisation de l’enfant. Reste à mettre en pratique ces recommandations. Car sur le terrain, les professionnels rappellent l’implacable réalité du manque de moyens. Parent pauvre du secteur médico-social, la protection de l’enfance est aux abois depuis des années. « De nombreux référents de l’aide sociale à l’enfance [ASE] ont trop peu de temps pour se rendre suffisamment chez les parents, et les éducateurs pour s’occuper à la fois de l’enfant et de ses parents », souligne Sophie Legrand, juge des enfants. Or, si aucun dispositif ne réalise de miracle, des expériences locales montrent qu’un allégement de la charge de travail des intervenants sociaux ou qu’un renforcement des équipes garantissent un retour réussi dans sa famille (page 8). Une aide au retour qui passe aussi par un recours à des outils dédiés tels que celui mis en place dans le Pas-de-Calais, qui prévoit, entre autres, des visites médiatisées et des vacances en famille pour se réhabituer à vivre ensemble (page 10). Daniel Rousseau, pédopsychiatre en foyer dans le Maine-et-Loire, estime pour sa part que les professionnels doivent être davantage formés « à la clinique de l’observation de l’enfant », afin de mieux repérer ses besoins, ses forces et les risques d’une levée de placement prématurée (page 12). Une interrogation subsiste : est-il toujours souhaitable que les liens de filiation soient maintenus à tout prix et qu’un enfant placé regagne le domicile familial ? Au Canada, par exemple, l’enfant est adoptable quand, au bout de 12 ou 18 mois, selon son âge, le contexte familial n’a pas évolué favorablement. Une option encore inenvisageable en France où le sujet, complexe, suscite des controverses.

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