En 2018, 9,3 millions de personnes vivaient en métropole sous le seuil de pauvreté. Dans les départements et régions d’outremer, ce dénuement prend des proportions endémiques. A de tels chiffres, il est impossible de s’habituer. A l’aune de ces réalités, la Drees (la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, un organisme dépendant du ministère de l’Economie) vient opportunément rappeler quelques évidences. Pour l’ensemble de ces ménages, la solidarité nationale n’est pas utile. Elle est indispensable. Elle représente en moyenne… 40 % de leurs revenus réels. Egrener des chiffres peut s’avérer soporifique, sauf à imaginer ce qu’ils incarnent. Pour ces millions de foyers pauvres, l’ensemble des minima sociaux – du RSA à la prime d’activité, en passant par les aides au logement – représente en moyenne 342 € par mois. Pas de quoi sortir de la misère. Mais un radeau qui permet de ne pas sombrer. Sans surprise, ce sont aux familles nombreuses ou monoparentales que ces dispositifs profitent le plus. Si le spectre de la pandémie de Covid-19 semble s’éloigner lentement – mais jusqu’à quand ? –, ses effets sont encore largement perceptibles. Sur le terrain et dans les publications officielles. Ainsi, la Drees, toujours elle, a dénombré une augmentation de 4,3 % du nombre d’allocataires en 2020. Soyons juste, cet organisme public nous offre aussi une bonne nouvelle : d’une année sur l’autre, près d’un bénéficiaire sur cinq n’a plus recours à ces aides. De quoi battre en brèche l’image de l’oisiveté supposée des plus précaires, qui préféreraient vivre aux crochets de la communauté nationale plutôt que de travailler.
Éditorial