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Martine en campagne

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C’est reparti pour un tour. Non, deux.

Nathalie, François, Xavier, Nicolas, Jean, Marine, Jean-Luc, Arnaud, Fabien, Stéphane, Anne, Delphine, Jean-Marc, Yannick, Sandrine, Eric, Philippe, Denis, Valérie… Un, puis deux, puis trois candidats. Puis dix, quinze, vingt, qui sait ? La liste est déjà longue de tous ceux qui y pensent, et pas simplement quand ils se rasent.

La bataille a déjà commencé. Chacun y va de sa petite pique, de ses sous-entendus plus ou moins subtils et menaces à peine voilées. On exhume de vieilles déclarations, on guette le moindre lapsus. Une vieille idée rance ressortie du placard ? Un jeu de mots foireux ? Une note de frais un peu salée ? Le moindre faux pas vous fera trébucher, tomber, écraser ; et oublier. Au suivant !

Les grands thèmes émergent petit à petit, pas besoin d’aller chercher bien loin, il suffit de piocher dans la grande Histoire et les petites anecdotes. Liberté, égalité, sécurité… Ah non, mince, c’est pas ça, la devise, reprenons. Liberté, égalité, fraternité, mais aussi santé, précarité, sécurité, parentalité, sororité, cité, quartiers, sécurité, ruralité, nationalité, sécurité, scolarité, honnêteté, retraités, et du rab de frites à la cantine, mais en toute sécurité.

Je regarde ça d’un peu loin, mi-amusée, mi-désabusée. Les grands discours et les belles promesses me paraissent si lointains, si détachés de mon quotidien.

Moi, je suis la Française moyenne(1), ni trop riche ni trop pauvre, loin de la grande ville, mais proche de quelques petites villes. A la campagne, mais pas trop.

Ni la banlieue oubliée, ni la ville surpeuplée, ni la campagne profonde. Non, juste la campagne, la campagne un peu banale, des champs, des forêts et des petites routes, des gens comme tout le monde, comme toi, toi et toi aussi, avec un peu les mêmes problèmes : le petit dernier ne fait pas ses devoirs, la belle-mère est envahissante, il n’y a plus de lait dans le placard, la fin du moins sera difficile (le début aussi). Les mêmes problèmes que partout, mais davantage souterrains peut-être, parce qu’il y a moins de monde et plus de distances, petits commerces et petites gens, petites villes et petites manifs. Les grands de ce monde fréquentent d’autres grands, dans des grandes villes et des grands restos, dans de grandes usines ou de grands événements.

La grande campagne commence à peine, et déjà les candidats se rejouent l’intégrale de Martine : Martine en voyage, Martine prend le train, Martine à l’école, Martine se déguise, Martine protège la nature. Il faut serrer des mains, sourire, promettre, écouter, sourire encore, jouer des coudes, discourir et sourire encore. Acteurs aux discours bien rodés et mises en scène millimétrées, les figurants n’ont qu’à bien se tenir !

Héroïne de la Comédie humaine ou de la commedia dell’arte, du théâtre burlesque ou de la tragédie grecque, Martine déclame et s’enflamme, les applaudissements fusent au premier rang, tandis que les cris étouffés des citoyens éloignés se perdent au fin fond des gradins.

Notes

(1) Voir la Minute de Flo « Le Français moyen », dans les ASH n° 3165 du 19-06-20, p. 25.

La minute de Flo

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