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Espagne : une loi pour canaliser l’addiction aux jeux

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Espagne : une loi pour canaliser l’addiction aux jeux

Crédit photo Étienne Cassagne
La nouvelle législation espagnole promulguée fin août limite de manière drastique la publicité pour les paris en ligne et les jeux d’argent.

Partout en Europe, ils sont devenus les partenaires et sponsors omniprésents des clubs sportifs. L’Espagne vient pourtant de décider de limiter leur influence en espérant atténuer les dégâts qu’ils provoquent dans le corps social. Depuis la fin du mois d’août, la publicité pour les jeux de hasard privés est strictement interdite dans la péninsule aux heures de grande écoute, que ce soit à la télévision, à la radio et même sur Internet. Les sites de paris en ligne doivent se contenter d’un créneau compris entre 1 h et 5 h du matin, et leur promotion ainsi que celle des casinos sont interdites dans les stades ou sur les maillots des équipes. Une mesure que le gouvernement espagnol justifie pour protéger les adolescents, même si les publicités en faveur de la loterie et des jeux proposés par l’Etat demeurent autorisées.

De nombreuses études ont alerté sur les dangers de cette exposition exponentielle aux paris en ligne. En janvier 2012, l’Académie nationale de médecine présentait les conclusions d’une enquête édifiante conduite auprès de 442 étudiants (220 femmes et 222 hommes), qui pointait déjà à l’époque les conséquences « sociales, économiques et psychologiques » de cette « nouvelle dépendance » : « La possibilité de jouer de l’argent en ligne modifie la clinique de la dépendance au jeu. Elle recrute de nouvelles populations de joueurs parmi les adolescents très impliqués dans les activités virtuelles. Elle permet aux joueurs classiques de disposer d’un accès permanent à leur jeu préféré. » Et l’Académie de conclure : « L’impact social du jeu d’argent, dans la “vraie vie” ou en ligne, apparaît à la fois psychologique, du fait de la dépendance psychique et du risque de dépression ou de suicide, financier, au vu des risques de faillite personnelle, de dettes et de comportements sociaux transgressifs pour compenser les pertes, [et] médical, du fait des consommations d’alcool, de drogue et des troubles du comportement souvent associés. »

Un phénomène qui a fortement impacté les travailleurs sociaux, comme le souligne une autre étude publiée en 2014 par Sophie Rodari, professeure à la Haute Ecole de travail social de Genève : « Depuis les années 2000, les questions d’argent au sens large du terme prennent une nouvelle ampleur dans le cadre de l’intervention des assistantes sociales et assistants sociaux à la lumière des problématiques associées au surendettement des ménages privés en Suisse. De plus en plus de personnes font appel aux services sociaux car elles ne savent plus comment s’en sortir financièrement, que ce soit à la suite d’une perte d’emploi, d’un divorce, face à un banquier ou une maison de recouvrement les harcelant, des menaces d’expulsion de leur logement, etc. »

Malgré l’opposition des lobbies

Sans surprise, les géants des paris en ligne ont mené une intense campagne de lobbying pour faire dérailler la nouvelle législation espagnole, issue d’un arrêté royal publié en novembre dernier. L’association professionnelle Jdigital avait ainsi vigoureusement contesté la mise en application d’une législation « pas conforme à la réalité du jeu en ligne espagnol et complètement disproportionnée ». Cette mesure est « non seulement peu pratique pour résoudre les problèmes que les partis gouvernementaux annoncent depuis des années sans les chiffres qui les soutiennent, mais elle aggrave également les problèmes, car elle contribue à la croissance d’un marché noir non supervisé ». Pour saboter la réforme, Jdigital avait même déposé un recours devant la Cour suprême, au prétexte que la publicité demeure « un outil fondamental fourni par la loi sur la régulation des jeux pour canaliser la demande légitime d’une offre légale de jeux en ligne encadrée par les pouvoirs publics et par conséquent, sûre et responsable ».

… et d’ailleurs

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