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Un produit complémentaire pour les établissements de formation

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Davantage sollicités depuis l’application de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel de 2018, les établissements de formation voient dans la validation des acquis de l’expérience (VAE) un moyen de compléter leur palette pédagogique. Il s’agit également pour eux de coller au plus près des besoins de leurs territoires.

« Un boom de la VAE. » C’est ce qu’observe depuis environ un an et demi Valérie Savary, responsable de la formation continue, des appels d’offres et du développement, au sein de l’institut régional du travail social (IRTS) Hauts-de-France. « Cette évolution est concomitante à un déploiement local et régional », explique la professionnelle. L’établissement qui recensait l’an passé 156 accompagnements en VAE, en compte cette année 260, un chiffre susceptible d’évoluer dans les deux prochains mois. « Ce ne sont plus des individus qui nous sollicitent pour mettre en œuvre leur compte personnel de formation [CPF], mais directement des employeurs, constate Sébastien Miceli, directeur sortant de l’Association Auvergne-Rhône-Alpes pour la VAE du travail social et de la santé (AVAETSS), émanation d’un réseau d’instituts de formation du secteur sanitaire et social(1). Sur l’exercice 2021, nous connaissons une hausse d’activité de plus de 100 % côté employeurs. C’est le début d’une tendance amenée à s’amplifier. »

Enjeu politique et stratégique

Cette poussée d’activité observée par les centres de formation est consécutive à l’application de la loi pour « la liberté de choisir son avenir professionnel » promulguée en septembre 2018, qui pousse les employeurs à mettre en œuvre des actions d’accompagnement et de formation à destination de leur personnel. Mais que représente réellement ce dispositif pour les instituts ? Est-ce un atout financier pour les structures qui peinent à trouver un équilibre budgétaire ? L’argument économique ne tient pas la route, selon Martine Gilbert Farrugia, responsable des dispositifs VAE à l’institut régional supérieur du travail éducatif et social (Irtess) de Bourgogne. « Ce n’est pas très rémunérateur étant donné qu’il faut payer les formateurs vacataires. Cela ne nous rapporte rien ou pas grand-chose par rapport aux formations initiales. Nous proposons la VAE davantage pour disposer d’une offre de services complète », soutient la responsable, précisant qu’en 2020 l’établissement comptait 10 % de candidats à la VAE sur le total des inscrits. Valérie Savary tire des conclusions similaires. « Il n’y a pas de commune mesure entre le coût de la formation initiale et celui de la validation des acquis de l’expérience, qui est dix fois moins chère. Il faudrait réaliser énormément de VAE pour arriver à un niveau semblable. » D’après elle, l’enjeu est plutôt politique et stratégique. « Nous souhaitons montrer que l’expérience est fructueuse et peut permettre d’accéder à la diplomation. »

La validation des acquis de l’expérience représente également un moyen pour les centres de formation de mieux répondre aux besoins spécifiques de leur territoire en s’inscrivant dans une gestion locale de l’emploi. « Beaucoup vont tisser des partenariats avec Pôle emploi et entreprennent ainsi un travail plus fin et différencié de qualification des personnes », rapporte Diane Bossière, directrice générale de l’Unaforis (Union nationale des acteurs de formation et de recherche en intervention sociale). « Certains métiers, comme ceux de l’aide aux personnes âgées, sont considérés en tension, la VAE aide les employeurs à pérenniser et à fidéliser des employés en leur proposant d’obtenir un diplôme et donc une reconnaissance de leurs compétences », complète Martine Gilbert Farrugia. Le dispositif permet par ailleurs de mener des actions collectives main dans la main avec des structures du social et du médico-social souhaitant faire monter en compétences un groupe de personnes. « Nous terminons en ce moment une VAE collective pour un groupe de huit accompagnants éducatifs et sociaux travaillant dans un hôpital psychiatrique, illustre la responsable de l’Irtess de Bourgogne. Il s’agit, pour la plupart, d’aides-soignants. L’hôpital souhaite les muter au service “Ehpad” [Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes] en leur donnant accès au diplôme correspondant à leur future fonction. »

Mêler VAE et formation initiale

Autre avantage pour les centres de formation : proposer aux candidats des séquences formatives en plus de leur parcours de validation des acquis de l’expérience. « Nos adhérents ont compris que l’enjeu de la VAE ne se limite pas à ce dispositif, témoigne Sébastien Miceli. Mais qu’il s’avère possible de le mixer avec la formation initiale. » En d’autres termes, les établissements peuvent proposer à une personne n’ayant pas les compétences suffisantes pour accéder au diplôme complet souhaité par le biais de la validation des acquis de l’expérience, de venir pallier ce manque de connaissances par des sessions de formation sur des thématiques spécifiques. « Le verdict du jury rendu, si la validation est partielle, nous proposons une offre de service post-VAE donnant au candidat l’occasion de finaliser son parcours, avec l’obtention à terme d’un diplôme », explique Jean-Michel Godet, directeur général de l’IRTS Normandie Caen. « Grâce à la mise en place des blocs de compétences, nous nous inscrivons pleinement dans cette logique », complète Valérie Savary. Avant de nuancer : « Finalement, peu de candidats poursuivent leur cursus de cette manière. Premièrement, car nous obtenons de très bons résultats. Le taux de réussite pour la VAE était de 80 % l’an passé. Ensuite, parce que les personnes choisissent plus souvent de repasser par la validation des acquis de l’expérience lorsqu’il leur manque un ou deux blocs de compétences. Il s’agit tout de même d’un parcours beaucoup moins lourd. » Pour Jean-Michel Godet, la VAE permet par ailleurs aux collaborateurs de l’IRTS de développer des compétences transférables à d’autres domaines d’activité. « Réaliser des accompagnements VAE n’est pas une spécificité liée aux métiers de l’intervention sociale, assure-t-il. En cela, nous nous intéressons depuis plusieurs années déjà à d’autres secteurs que ceux que nous croisons habituellement, comme celui de l’aide-soignant par exemple. Nous avons rodé notre méthodologie et nous nous sentons légitimes à accompagner sur d’autres secteurs. » Un point de vue que ne partage pas Martine Gilbert Farrugia : « Nous ne souhaitons pas intervenir sur des champs qui ne sont pas les nôtres et pour lesquels nous ne disposons pas de professionnels ou de formateurs dédiés. »

Notes

(1) Ocellia Lyon, Valence et Grenoble-Echirolles, ADEA Formation(s) à Bourg-en-Bresse, ARFRIPS Lyon, Don Bosco Lyon, Institut de travail social de la région Auvergne de Clermont-Ferrand, Institut Saint-Laurent Lyon, Maison familiale rurale d’Annecy et Puits de l’Aune formation Continue à Feurs.

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