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L’accompagnement, une condition de réussite

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Bien que requérant avant tout un important investissement personnel, les parcours de validation des acquis de l’expérience (VAE) impliquent, pour aboutir à l’obtention d’un diplôme, que les professionnels soient soutenus. Par des spécialistes autant que par leurs employeurs.

« Sur le marché du travail, j’ai bien vu que pour décrocher un poste de chef de service éducatif, le diplôme était désormais exigé, je n’avais pas le choix. » Après pourtant avoir exercé ce métier pendant neuf ans chez un précédent employeur, Emilie Lachaume, aujourd’hui âgée de 45 ans, a choisi pendant le premier confinement, alors qu’elle était à la recherche d’un emploi, de se lancer dans un parcours de validation des acquis de l’expérience (VAE) pour décrocher son Caferuis (certificat d’aptitude aux fonctions d’encadrement et de responsable d’unité d’intervention sociale). « C’était intense. J’ai mis deux mois et demi à mener à bien ce projet. Je travaillais dessus 8 ou 9 heures par jour. Cela m’a amenée à établir le bilan complet de mes neuf ans d’exercice en tant que chef de service », résume celle qui n’avait auparavant en poche que son diplôme d’éducatrice spécialisée. Accompagnée par l’Institut de ressources en intervention sociale (Iris), la professionnelle confie : « On regarde derrière soi et on se demande si on a été un bon professionnel. On revit des moments où on a pu être frustré chez un employeur précédent. Moi j’ai souffert sur des tableaux, des rétroplannings. L’écriture est aussi très particulière. Il y a des moments où j’ai craqué, j’en ai pleuré. » Son diplôme obtenu, elle a trouvé un poste dans les six mois.

Le parcours d’Emilie l’illustre, obtenir une VAE exige de se plier à un exercice très formel, de positionnement de ses savoirs en face de compétences exigées par le référentiel d’un métier. Ceux qui se sont lancés, en tant qu’employeurs et organismes de formation insistent : pour mener à bien cet exigeant travail de collecte et d’introspection, mieux vaut être accompagné, quel que soit le niveau de qualification initial.

Soutiens renforcés

D’abord pour franchir l’étape préalable du pré-positionnement, un moment « crucial » souligne Valentin Dubourguier, responsable « emploi formation » chez Nexem. Barbara Gaignard-Berna en témoigne. Aujourd’hui conseillère en économie sociale et familiale (CESF), elle a été diplômée en avril 2019 après avoir travaillé sa VAE pendant deux ans. Elle a changé d’établissement, mais elle est restée au sein de l’Adapei 35 où elle occupe un poste correspondant à sa qualification. Sans l’invitation de son responsable hiérarchique lors d’un entretien biennal, cette aide médico-psychologique aurait cherché à décrocher le diplôme de monitrice-éducatrice. Mais son directeur d’établissement l’a convaincue qu’elle aurait plus à apprendre en devenant CESF, un métier dont elle ignorait l’existence même.

Sandra Desindes, 39 ans, pensait quant à elle pouvoir préparer seule son Caferuis via la VAE. En 2018, elle a ainsi obtenu quatre des six blocs de compétences, et elle travaille actuellement les deux qui lui manquent encore, cette fois accompagnée par l’Iris. « Le bloc “management” reste à valider, et ça n’est pas simple, on n’est pas responsable des modes de fonctionnement de l’établissement d’où l’on vient… », souligne-t-elle.

Difficile, en conséquence, de travailler sur ce parcours seul. Idéalement, il résulte d’une co-construction avec l’employeur, invite Valentin Dubourguier. L’Adapei 35 semble avoir entendu le message, qui en 2015 a créé un réseau d’accompagnateurs VAE, en particulier pour offrir un accompagnement méthodologique aux collègues qui se lancent. Une douzaine de référents métiers ont ainsi été choisis.

De son côté, APF France handicap propose des accompagnements renforcés, soutenus par Europe efficacité, un cabinet spécialisé. « Notre partenaire organise un entretien entre le salarié et le manager, des journées de formation en région pour accompagner l’écriture des projets… », explique Grégory Vlamynck, directeur du développement des ressources humaines.

« Le sujet pour une VAE consiste à expliciter des compétences au travers de son expérience en exercice, résume Olivier Cany, directeur de l’institut du travail social de Tours. On cherche à s’assurer que le professionnel est bien doté d’un savoir en action. » Une quête en soi qu’un accompagnateur dont c’est le métier peut largement faciliter, plus qu’un pair ne le ferait, car, prévient Denis Dardenne, directeur des formations à l’Institut Iris, établissement qui propose une formation pour professionnaliser ces conseillers en VAE. Lui-même suit de nombreuses personnes en parcours de VAE et affirme : « Accompagner c’est offrir une écoute active plus que transmettre et cela requiert une connaissance fine du référentiel métier ». Et cela permet d’éviter les pièges tendus par le vocabulaire : « Participer à l’élaboration du projet de vie n’est pas l’élaborer », souligne, à titre d’exemple, Olivier Cany.

La nécessité de l’accompagnement est donc pointée par tous. De même que l’énorme travail personnel que devra fournir le candidat, à l’image de Barbara Gaignard-Berna, qui se rappelle avoir consacré de nombreux week-ends et la moitié de ses vacances à ce projet pendant deux ans. Quant au bon moment pour se lancer, il est fonction de chacun. Il correspond cependant généralement à un tournant dans la vie professionnelle, une période où l’on se sent prêt à dresser un bilan d’activité et désireux de voir ses compétences reconnues. Il convient aussi de savoir que la réussite peut être partielle mais que les blocs acquis ne seront jamais perdus, et qu’il est donc possible de terminer le diplôme plus tard, au moyen d’une formation si besoin.

« Je n’étais pas à l’aise avec la rédaction et l’outil informatique. Ce fut laborieux, mais si c’était à refaire, je me lancerais plus tôt », analyse Barbara Gaignard-Berna, qui a attendu que ses enfants soient entrés dans l’adolescence. De son côté, Sandra Desindes affirme déjà que, son parcours terminé, elle voudra poursuivre son cursus de formation, à terme, avec le diplôme d’Etat en ingénierie sociale : « Je veux continuer à questionner mes pratiques, pour les amener à évoluer et pour transformer les accompagnements des personnes. »

Un dispositif de soutien de la branche à la VAE

Créé par la Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle de la branche sanitaire, sociale et médico-sociale privée à but non lucratif, le dispositif de soutien de la branche à la VAE (DSBVAE) offre un accompagnement tout au long des parcours, du bilan initial au jury final en passant par la rédaction du projet. Tous les établissements adhérant à l’opérateur de compétences « santé » peuvent en bénéficier. Cet accompagnement plus long et plus complet a permis en 2019 que le taux de réussite soit supérieur de 17 % au taux national et atteigne 81 %. De très nombreux diplômes sont éligibles, de celui d’aide-soignant à celui de médiateur familial, en passant par ceux d’éducateur spécialisé ou d’assistant de service social.

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