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Quand septembre était le mois des « grandes vacances »

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Dans l’agenda social et politique, plus que la date du 1er janvier, la rentrée scolaire et universitaire de début septembre marque véritablement l’entrée dans une nouvelle année. C’est pourtant seulement depuis quelques décennies que le calendrier des vacances a été recentré sur les mois de juillet et d’août, après que septembre a longtemps été le mois des grandes vacances.

L’histoire du calendrier des congés d’été est d’abord celle d’une lutte contre l’absentéisme scolaire qui court du début du XIXe siècle jusqu’aux années 1950. Dans une société française majoritairement rurale jusque dans l’entre-deux-guerres, juillet et août sont les mois des récoltes, au cours desquels les familles envoient filles et garçons participer aux travaux des champs. Or, au XIXe siècle, la fixation des dates de vacances est variable d’une localité à une autre, même si la coutume veut cependant que les écoles ferment autour du 15 août, en lien avec le calendrier religieux, pour rouvrir le premier lundi d’octobre. Lorsque l’école devient obligatoire avec les lois « Ferry » de 1882, l’absentéisme des élèves est considéré comme un problème public. Nombre d’élus locaux se mobilisent pour demander la modification et l’harmonisation du calendrier scolaire sur l’ensemble du territoire. Une demande qui a également pour fonction de renforcer la cohésion nationale.

Parmi les acteurs qui font de ce débat une affaire d’Etat, des médecins hygiénistes dénoncent le surmenage que l’école impose aux enfants. La presse s’empare de la question, à l’instar d’un des principaux quotidiens du pays, Le Petit Journal, qui mobilise l’opinion publique en 1891 en lançant une large consultation à l’intention de ses lecteurs : faut-il avancer les vacances scolaires au 10 juillet ? Alors que le régime républicain n’a que deux décennies d’existence, le journal avance un argument politique, selon lequel les vacances devraient débuter au moment de la fête nationale, le 14 juillet, et non plus autour du 15 août, date de la fête impériale. Mais c’est surtout l’argument économique qui est mobilisé : il s’agit de favoriser l’activité des hôteliers, cochers, guides… du secteur touristique encore balbutiant. Le succès de cette campagne – qui recueille 100 000 bulletins, à 92 % en faveur du « oui » – amène les autorités à avancer le début des congés au 1er août. Il faut attendre 1912 pour que le 14 juillet soit retenu comme début des vacances, ainsi allongées de quatre semaines en l’espace de vingt ans.

Au cours du XXe siècle, la pression des professionnels du tourisme entraîne de nouvelles réformes. En 1938, à la suite de l’adoption des congés payés par le Front populaire, la durée des vacances d’été s’étale sur deux mois et demi. Deux décennies plus tard, en 1959, le calendrier est décalé, cette période estivale étant désormais fixée du 1er juillet au 15 septembre. Dans les années 1960 et 1970, les travaux sur les rythmes biologiques appellent à une meilleure répartition des congés dans l’année, ce qui conduit au raccourcissement des grandes vacances au profit de celles de la Toussaint.

Ainsi, comme on l’a vu lors des périodes de confinement, le calendrier scolaire est un enjeu politique autant que pédagogique et économique.

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