Journaliste, Élise Richard a enquêté durant trois ans sur le système d’accompagnement des personnes âgées en institution ou à domicile. Un système qui les marginalise, sans jamais leur demander leur avis, et dont les failles ont explosé au grand jour avec la crise de la Covid-19 : « Cadences infernales, maltraitance institutionnelle, pénurie de personnel, embauche de soignants sans diplôme, ou encore véritable business aux dépens de nos aînés. » Rien de plus réjouissant dans les services d’aide à domicile, qui ont du mal à recruter et pour lesquels les heures d’intervention ne sont pas remboursées équitablement selon les départements. Quant aux aidants qui viennent souvent pallier les dysfonctionnements, beaucoup finissent par craquer. Un constat que la loi « grand âge et autonomie », dans les tuyaux ministériels depuis des années mais sans cesse repoussée, n’est visiblement pas prête de corriger. Sans verser dans l’« Ehpad bashing » ni décourager les vocations futures, l’auteure propose un éclairage très documenté et rend compte d’alternatives initiées par des acteurs du secteur. Beaucoup sont connues : augmenter le nombre de professionnels, mieux les former, transformer les Ehpad de lieux de soins en lieux de vie. Certaines structures, implantées en plein centre-ville, font déjà office d’exemples. D’autres s’inspirent du Danemark, qui réserve les maisons de retraite aux personnes âgées les plus dépendantes. L’idée ? Développer des passerelles « hors les murs » entre les établissements et le domicile. Autre voie : l’habitat partagé, qui permet de vivre chez soi sans être seul. « C’est comme une famille », déclare Gisèle qui habite dans une maison gérée par le réseau Âges et vie, à Deschaux (Jura). Fortement plébiscité, ce type de logement ne peut accueillir aujourd’hui que 4 000 privilégiés. Mieux accompagner les personnes en perte d’autonomie, le défi est de taille dans une société qui valorise la jeunesse. Mais il n’est pas impossible. A condition de changer de braquet.
« Cessons de maltraiter nos vieux » – Elise Richard – Ed. du Rocher, 18,90 €.