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Kaboul-Calais, tragique jumelage

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Ces dernières semaines, les regards de bon nombre d’associatifs à Calais se tournent vers l’Afghanistan, et la question de l’accueil des réfugiés par la France, une nouvelle fois, se pose. Les téléphones d’urgence des bénévoles ne cessent de sonner. Des messages désespérés d’Afghans exilés en France souhaitant rapatrier leurs familles, mais également de certains restés en Afghanistan qui supplient d’être aidés afin de pouvoir quitter le pays. A 7 400 kilomètres de là, un pays plonge dans le chaos et, ici, la question de l’accueil est déjà posée.

« Depuis la guerre avec la Russie, il y a des Afghans qui viennent à Calais et autour pour tenter de traverser en Angleterre », lâche Laurent Gianni à l’entrée de son terrain, à Dannes (Pas-de-Calais). Le quadragénaire à la barbe poivre et sel apporte depuis plus de vingt ans son soutien aux exilés avec Raphaële, sa femme, et leurs deux enfants. Hébergement d’urgence en été, dons en hiver et, bientôt, ouverture d’une ferme pour l’insertion des demandeurs d’asile. Dans le village, Laurent est appelé « Le Migrant » par ceux qui voient d’un mauvais œil l’aide qu’il apporte aux exilés. « Ce sont les oiseaux qui migrent, pas les humains, j’en peux plus de ce terme », dit Raphaële, lassée, en rallumant une cigarette.

En ce samedi après-midi ensoleillé, Farid, qu’il hébergeait il y a quelques années, est venu leur rendre visite. Arrivé d’Afghanistan en 2015, il se souvient de ses premiers pas à Calais : « J’ai vécu six mois ici. Durant ce laps de temps, j’ai tenté deux fois le passage en camion. La seconde, j’étais dans le camion, le camion était dans le train et le train a commencé à bouger. Puis, au moment de partir, j’ai entendu un cri, j’ai vu un chien et je me suis fait sortir. J’étais si proche du but ! A sept heures, la police m’a relâché et, à huit heures, j’ai décidé de faire ma demande d’asile ici, en France. »

La situation actuelle, qui a vu le retour au pouvoir des talibans, fait remonter des souvenirs chez cet ancien traducteur de l’armée américaine. Au vu de sa situation – il avait reçu de nombreuses menaces de mort pour avoir travaillé avec les Américains –, sa demande est finalement acceptée, « ce qui arrive une fois sur dix quand tu es afghan ». Maintenant, c’est son petit frère qu’il tente de faire venir en France. Journaliste pour une chaîne publique, ce dernier a réalisé dans le passé de nombreux reportages montrant les exactions des talibans. « Depuis dix jours, il est caché quelque part, un endroit que même moi je ne connais pas. J’ai appelé le Quai d’Orsay et donné toutes les informations le concernant, mais nous n’avons aucune garantie de rapatriement. »

Malgré la fin du pont aérien à l’aéroport de Kaboul, Emmanuel Macron s’est dit favorable à l’ouverture d’une « safe zone » pour continuer les évacuations. Ici, alors que les expulsions quasi quotidiennes des campements continuent, ils seront nombreux à venir tenter une nouvelle vie de l’autre côté de la Manche.

Une semaine en migrations

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