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Et si le service civique, expérience citoyenne pour des jeunes issus des milieux les plus défavorisés, n’était pas qu’un pis-aller ? Propulsés par la crise sanitaire, qui a remis en lumière les besoins des personnes vulnérables, 245 000 contrats devraient être signés fin 2021. Instauré en 2010, le dispositif est parfois accusé de constituer une main-d’œuvre au rabais, mélangeant engagement citoyen et travail gratuit dans des structures qui manquent cruellement de moyens. En 2017, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) avait même recommandé dans un rapport de renforcer les contrôles afin d’éviter les dérives. Mais si les abus demeurent difficilement estimables, ils apparaissent rares. Mieux, par-delà les discours officiels, le dispositif est approuvé tant par les volontaires, « qui prennent conscience de leur rôle dans la société », que par les associations qui les emploient dans des missions d’intérêt général et dont le regard neuf enrichit les pratiques (page 8). Pour Joan, étudiant en cinéma, et Hugo, titulaire d’un bac pro, recrutés dans un centre communal d’action sociale (CCAS) pour former les personnes âgées aux outils numériques et lutter contre l’isolement, le service civique a représenté davantage qu’une ligne sur un CV. Egarés dans leurs études, il leur a donné confiance et les a remis sur les rails.

Seule ombre au tableau ? Ni salariés ni bénévoles, ces jeunes ne peuvent pas bénéficier d’une allocation chômage à l’issue de leur contrat (page 10). Ce statut hybride offre toutefois un avantage, selon Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif et invitée de notre podcast SMS : il permet l’accomplissement de missions complémentaires par ces volontaires, qui réalisent auprès des publics accompagnés des actions que n’effectuent ni les professionnels ni les autres bénévoles. Face aux détracteurs estimant que le service civique renforce les inégalités en favorisant les jeunes qui bénéficient d’aides de leur famille pour vivre, les chiffres offrent un panorama plus nuancé : 22 % des volontaires sont non bacheliers et 12 % originaires de quartiers populaires. « Nous avons la préoccupation permanente de donner plus à ceux qui ont moins : les personnes en situation de handicap, les décrocheurs, les réfugiés », explique la présidente de l’Agence du service civique, Béatrice Angrand, qui entend aussi développer des missions autour de la transition écologique ou de l’égalité hommes-femmes (page 11). La création d’une association d’anciens pour diffuser la philosophie et promouvoir l’égalité des chances est également envisagée. La publication d’un rapport sur les bonnes pratiques est, quant à elle, impatiem­ment attendue par les acteurs du secteur. Elle est prévue pour le mois d’octobre prochain.

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