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Travail social : ce que signifie résister

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Si les assistantes sociales ont souvent été présentées comme servant les intérêts de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale, leur répertoire d’actions a été varié et, parmi elles, des résistantes ont marqué la profession. Dans une France vaincue et occupée par l’Allemagne nazie, les assistantes sociales ont fort à faire : pénuries, famine, chômage, bombardements, dispersion des familles et déplacements de populations créent autant de situations de détresse pour lesquelles elles sont attendues. Il faut alors recruter vite, former sur le tas, quitte à exercer en dehors du cadre du diplôme. Les travailleurs sociaux, essentiellement des femmes, jouent un rôle de premier plan sous l’égide du Secours national, structure officielle qui coordonne l’ensemble de l’aide aux populations démunies. Souvent soupçonnées de proximité avec le régime de Vichy, voire de collaboration, en raison notamment des origines bourgeoises et catholiques de beaucoup d’entre elles, les assistantes sociales ont essuyé de vives critiques après-guerre, provenant en particulier du Parti communiste. L’idéologie du régime – travail, famille, patrie – rejoignait en partie les priorités du travail social. Pourtant, le comportement de ces femmes a sans doute été façonné par les urgences du temps plus que par conviction ou par engagement politique. Suivant leur éthique professionnelle, beaucoup d’entre elles ont aussi pris des risques en cachant des enfants juifs ou en rendant visite à des prisonniers.

A la même époque, dans la clandestinité, un autre service social prend corps. Alors qu’une contre-société est en train d’émerger, refusant l’ordre instauré par Pétain, des femmes et des hommes s’organisent pour aider les membres de la Résistance arrêtés. Engagée depuis plusieurs années dans le combat féministe et antifasciste, l’infirmière devenue surintendante d’usine Berty Albrecht met ses compétences à profit dès le début de la guerre lorsqu’elle participe à la création du premier service social au sein du mouvement Combat, dans la région lyonnaise. Elle s’appuie sur la directrice de l’Ecole des surintendantes d’usine de Paris, Jeanne Sivadon, qui demande à son tour à une jeune diplômée, Yvette Baumann, d’organiser ce service. Très actif dans l’assistance aux familles de résistants arrêtés, le service social sert aussi à cacher des enfants juifs, des requis pour le service du travail obligatoire (STO), des résistants recherchés ou des aviateurs anglo-américains abattus lors de missions en France. Au sein des autres mouvements de résistance, partout en France, des services similaires sont mis en place. C’est Pierre Chaillet, prêtre et résistant, qui sera chargé par la délégation générale du Comité français de libération nationale (CFLN) de les rapprocher : en février 1944 naît ainsi le Comité des œuvres sociales des organisations de Résistance (Cosor). Cette instance poursuit après-guerre son aide aux familles de fusillés et déportés, gérant particulièrement des maisons d’orphelins. Parmi les membres du service social, plusieurs sont déportés. Parmi ceux-ci Berty Albrecht, arrêtée par la Gestapo, meurt en 1943 à la prison de Fresnes. Finalement, cette action a préparé la profession à écrire une nouvelle page de son histoire dans la France libérée. Elle a aussi pu nourrir les inspirations du programme social du Conseil national de la résistance (CNR).

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