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Lignes de vie

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Le dossier a l’air simple. Il s’agit d’équilibrer un budget, de trouver quelques solutions pour faire face aux trop nombreuses lignes qui encombrent le relevé de compte. La famille n’est pas en grande précarité. Classe moyenne. Ni pauvre ni riche. Une famille moyenne ayant une vie dans la moyenne : un papa, une maman, deux enfants, une maison.

On fait le point. Ressources du couple, crédits en cours, budget courses, énergie, assurances, téléphonie, loisirs… On énumère, on écrit, on relit, on compte, additions, soustractions, on recompte, et le résultat est implacable : trop de moins et pas assez de plus.

Alors on reprend, ligne après ligne, on analyse.

Trois cents euros par mois d’électricité ? Y aurait-il une plantation de cannabis soigneusement cachée dans le garage ? Madame sourit. Ils habitent une vieille maison pas très bien isolée, et le voisin d’en face, juste de l’autre côté de la petite route de campagne, refuse de couper ses très grands arbres. Alors ils vivent lumières et chauffage allumés, été comme hiver, pour un minimum de clarté et de chaleur.

Cent euros de téléphonie. Deux adultes et deux ados éparpillés entre le boulot, le collège et le lycée, quatre portables et une connexion Internet.

Trois cent cinquante euros d’internat. Le lycée est à plus de vingt kilomètres, il y a bien le car scolaire mais il y a un changement à faire à mi-chemin. En tout ça fait trois heures de transport par jour. Alors l’internat, c’est plus simple. Un aller le lundi matin, un retour le vendredi soir, et c’est réglé.

Ligne après ligne, c’est une nouvelle tranche de vie qui se raconte dans le bureau : la maison loin de tout, les horaires décalés du travail, la voiture en panne, la famille trop éloignée… Chiffre après chiffre, c’est une charge fixe, un crédit sur vingt ans, une réparation urgente. Un équilibre instable.

Rien d’exorbitant dans ce budget, pas de vacances somptueuses dans une lointaine contrée, pas de dépenses compulsives hype et chic. Rien à rogner !

On compte, on recompte, on fait le tour des solutions possibles. Si le voisin coupait ses arbres, on économiserait sur la dépense d’énergie. Oui mais il est vieux… c’est cher… on ne peut pas l’y contraindre…

Le transport scolaire serait moins onéreux que l’internat. Oui mais l’arrêt de bus est à trois kilomètres, il faut marcher sur une route de campagne sinueuse, les horaires des parents ne collent pas…

Empêtrée dans les méandres des dépenses incompressibles, une conclusion s’impose : le problème, c’est la maison, qui dévore le budget familial, qui est trop loin de tout, du boulot, du lycée, de la vie.

Il faudrait déménager, racheter ou louer, quelque part en ville, entre le lycée et le boulot, n’importe où sauf dans ce coin perdu.

Oui mais… à côté de la maison, il y a la belle-mère, âgée, veuve, dépendante… Alors ils restent, pour elle, tant qu’elle vit. Le voisin, les arbres, la route, le bus… rien de tout ça ne fait le poids face à belle-maman. Parce qu’on ne laisse pas mamie dans un coin.

La minute de Flo

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