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Précarité : pérenniser les nouvelles pratiques

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Lutte contre l’isolement, déploiement d’équipes pluridisciplinaires ou gestion de l’hébergement d’urgence. Durant la crise liée à la pandémie de Covid-19, les professionnels des structures d’accompagnement des publics les plus vulnérables ont vu s’opérer de nombreux changements positifs. L’enjeu est désormais de les voir perdurer.

Les professionnels du secteur de l’exclusion sont unanimes. La crise sanitaire et sociale liée à la Covid-19 a permis de voir émerger de nouvelles pratiques. Qu’il s’agisse de méthodes de travail ou d’accompagnement, les approches de prise en charge des vulnérabilités ont évolué. A commencer par le déploiement de moyens de lutte contre l’isolement social. Si le problème préexistait pour de nombreux usagers, les confinements successifs ont été l’occasion pour les structures de revoir leurs modalités d’action. C’est le cas, par exemple, de la Croix-Rouge française qui a ouvert une ligne d’écoute anonyme et gratuite pour orienter le public vers des dispositifs de proximité en lui assurant le maintien d’un lien social. Ainsi, sur les 320 000 personnes accompagnées depuis l’ouverture de cette plateforme téléphonique en mars 2020, 190 000 ont bénéficié d’un soutien psychologique.

Équipes mixtes plébiscitées

Pour ce faire, quatre salariés et 13 000 bénévoles sont engagés sur l’ensemble du territoire. « Cette mission est essentielle car près d’un Français sur dix est concerné. En termes de financements, nous sommes soutenus par des fonds publics et privés. Cela est aussi un excellent levier d’intégration de citoyens », indique Marie Alméras, responsable du dispositif « Croix-Rouge chez vous ». Même renforcement du côté du logement accompagné où l’offre sociale réside aussi dans la lutte contre l’isolement. « La période aura rappelé l’importance du lien physique. Elle aura permis de renforcer l’aspect collectif. Pour les travailleurs sociaux, cela implique de sortir du cadre de l’accompagnement social », explique Arnaud de Broca, délégué général de l’Unafo (Union professionnelle du logement accompagné).

La crise a aussi poussé les acteurs des champs social, sanitaire et médico-social à travailler ensemble. « Cela a prouvé que la médiation est essentielle pour la prise en charge des personnes les plus précaires », déclare Thierry Couvert-Leroy, délégué national pour la lutte contre les exclusions à la Croix-Rouge française. Si le développement d’équipes mixtes est plébiscité par les professionnels, la question de sa pérennité reste en suspens. Après plus d’un an de crise, la poursuite des actions en silo pourrait continuer. Il s’agit là d’une question de volonté de la part des structures. Il faut aussi « savoir comment fonctionner avec les autres acteurs. Sur la santé mentale, les limites ont largement été démontrées », pointe Arnaud de Broca.

Pérenniser les moyens déployés

Le secteur de l’hébergement nous amène à nous interroger sur la continuité des moyens déployés. Par exemple, la fin de l’expérimentation de la gestion des places dite « au thermomètre » prévue en mars 2022 ou la réouverture aux touristes des hôtels réquisitionnés inquiètent. Pour le dispositif « Assore » de l’association Aurore, qui assure l’accompagnement de personnes dépendantes aux drogues hébergées dans le nord de Paris, si l’activité a augmenté ces derniers mois, l’avenir reste incertain. « Depuis 2020, des travailleurs sociaux ont été embauchés et la jauge de personnes hébergées est passée de 200 à 430. Nous demandons le maintien des financements qui s’arrêtent fin 2021, mais nous ne disposons d’aucune garantie pour l’instant », déplore Gilles Walquenart, directeur territorial Paris Nord pour l’association.

Par ailleurs, alors que la crise a démontré l’importance de l’accès au numérique, des engagements étatiques sont attendus. « Pour notre part, dans l’encadrement des actions financées dans les centres d’accueil pour demandeurs d’asile, l’accès au numérique n’est pas prévu alors que de nombreuses démarches sont à présent dématérialisées », regrette Delphine Rouilleault, directrice générale de France terre d’asile.

Enfin, pour les structures dont ce n’était pas l’usage, l’organisation de réunions en visioconférence devrait perdurer. Economies, proximité avec le siège social et facilitation du travail transversal en sont les principaux avantages.

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