Déconfinement, 4e vague, vaccins, passe sanitaire, reconfinement… L’actualité de la pandémie de Covid-19 est aussi protéiforme que fournie. Elle ne bouleverse pourtant pas réellement le quotidien des travailleurs sociaux et médico-sociaux qui, après s’être adaptés en urgence en mars 2020, ont fini par trouver leur vitesse de croisière. En dépit de nombreux obstacles sanitaires, ces professionnels, dédiés à leurs tâches, n’ont jamais cessé de prendre soin des publics dont ils ont la charge. Alors que la traversée de l’été sera ternie par l’ombre du variant Delta, ils continuent de bidouiller, d’inventer et de s’autonomiser. Particulièrement en s’emparant avec gourmandise des outils numériques, comme le décrypte Paule Sanchou, l’ex-présidente du réseau universitaire des formations du social (lire page 12). Mais les changements de pratiques apparus lors du premier confinement, et qu’appelaient le plus souvent de leurs vœux les salariés, ont eu bien du mal à être perpétués. Ainsi en est-il du secteur du handicap, où les liens avec les familles, un temps resserrés, se distendent à nouveau (lire page 8). Les associations qui luttent contre la pauvreté et le sans-abrisme sont confrontées au même défi. Si les moyens déployés par les pouvoirs publics ont été parfois considérables, tant en termes d’argent que de dispositions réglementaires, le moment est venu de travailler la transversalité des pratiques. Une démarche qui prendra des années et dont le succès est loin d’être garanti (lire page 9). Les premières vagues pandémiques ont également démontré l’impératif d’une meilleure coopération des acteurs de protection de l’enfance. Une alliance mise en place à la hâte et impliquant l’aide sociale à l’enfance, la justice et l’Education nationale. De nouvelles habitudes fragiles et qui commencent déjà à s’éroder (lire page 11). Sans surprise, ce sont les acteurs du grand âge qui conservent les stigmates les plus visibles. Outre que de nombreux établissements ont été endeuillés, la maladie a rendu les tâches des professionnels répétitives, chronophages et davantage axées sur les gestes sanitaires que sur l’approche sociale (lire page 10). Si l’ensemble des acteurs s’interrogent légitimement sur leurs vécus depuis le printemps 2020, tirer des conclusions dès à présent s’avérerait prématuré, comme le souligne le sociologue Marcel Jaeger. Invité du dernier podcast SMS de la saison, le nouveau président de l’Unaforis appelle au maintien du lien social, « quoi qu’il en coûte », mais ne cache pas son inquiétude quant au prix à payer par les travailleurs sociaux.
L’événement
La métamorphose contrainte des travailleurs sociaux
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