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Une formation pour valoriser les savoirs de l’exclusion

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Une formation pour valoriser les savoirs de l’exclusion

Crédit photo Sophie Massieu
Reconnaître les compétences acquises par des personnes précaires et exclues pour leur ouvrir ensuite les portes d’une formation qualifiante en travail social. C’est le but d’un parcours de préqualification expérimenté par ATD quart monde. Avec de premiers résultats prometteurs.

Manque de qualification et absence de compétences ne sont pas synonymes. Osee (« Osons les savoirs de l’expérience de l’exclusion »), parcours de formation préqualifiante rémunéré imaginé par ATD quart monde, est né de ce credo. L’objectif : amener des personnes éloignées de l’emploi à valider un diplôme en intervention et animation sociales. Lauréate du plan d’investissement dans les compétences (PIC), cette formation a été conçue comme une validation des acquis de l’expérience collective. Un outil d’autant plus nécessaire que certains des stagiaires de la première promotion avaient échoué face à une validation des acquis de l’expérience individuelle. Pascale Budin, coordinatrice du projet explique : « Depuis très longtemps, nous avons remarqué que l’engagement militant au sein d’ATD quart monde permet de développer des compétences de savoir-être, mais aussi une connaissance du milieu de l’action sociale, des professionnels, des métiers, des rouages et des modalités d’accompagnement d’autres personnes pour les aider à faire valoir leurs droits. » En somme, de très bonnes bases pour devenir… travailleur social.

L’expérimentation doit permettre de préformer 100 personnes en deux promotions successives, 50 ayant vécu un parcours de pauvreté, l’autre moitié étant issue de la jeunesse des quartiers difficiles de Seine-Saint-Denis. Cette double appartenance résulte d’une des contraintes posées par le ministère du Travail au travers du PIC. Militante à ATD quart monde depuis 2006, aujourd’hui âgée de 53 ans, Véréna a longtemps été éloignée de l’emploi pour des raisons qu’elle préfère taire. En revanche, elle se montre enthousiaste et loquace dès lors qu’elle exprime ce que lui a apporté la formation : « J’ai arrêté l’école très tôt. Il y avait beaucoup de choses que je ne savais pas faire. Or, pour passer les concours, il faut un certain niveau. » Elle a, en particulier, beaucoup réétudié les savoirs de l’écrit tels que les résumés, les commentaires ou les dissertations. Et appris à formuler sur un CV les compétences acquises au travers de son engagement bénévole, par exemple en tant que bibliothécaire de rue. Durant ses quinze mois de préformation, elle a été entourée de trois marraines, chacune lui ayant apporté son soutien dans un domaine qu’elle avait besoin de perfectionner. Avec succès : son concours d’entrée réussi, elle entre le 18 octobre prochain dans un institut de formation en travail social de sa région pour préparer le diplôme d’Etat de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (Jeps).

Projets personnels

Comme elle, 14 autres militants d’ATD ont validé leur entrée en formation après avoir suivi le parcours Osee. D’autres ont échoué ou effectué des choix différents. Mais tous, de l’aveu de Véréna comme de celui de Pascale Budin, ont au moins remis en route des projets personnels et ont gagné en autonomie. Venir en Ile-de-France trois jours par semaine toutes les deux semaines, prendre les transports en commun et s’organiser a permis à certains de se remobiliser.

Sur le plan collectif, le bilan chiffré est contrasté. Si 23 des 25 militants d’ATD ont suivi le parcours jusqu’au bout, seuls 10 des 25 jeunes y sont parvenus. « Cela tient au distantiel imposé par la crise, indique Pascale Budin, et aussi au fait que ces jeunes constituent un public très mouvant, dans l’instantané, pour qui un parcours de plusieurs mois représentait une difficulté. » Autre enseignement : l’individualisation de l’accompagnement est encore plus indispensable pour ces publics. « On note aussi, à l’heure du bilan, que les parrains et personnes qui ont le plus avancé sont ceux qui se connaissaient auparavant », souligne Heather, une des trois marraines de Véréna.

Forte de ces premiers résultats, l’expérimentation se poursuit en janvier prochain avec le lancement d’une deuxième promotion. Cette fois, pour tirer profit des enseignements de la première, avec des personnes venant d’ATD et d’autres associations partenaires ainsi que des jeunes issus de plusieurs régions, et non seulement de Seine-Saint-Denis. Car travailler sur des territoires permet à la fois de tisser plus aisément des liens entre les participants et de répartir les accompagnements auprès de diverses institutions.

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