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Le changement climatique, le lien et la folle ambition

Les effets les moins visibles du réchauffement climatique et des atteintes à l’environnement sont souvent les plus nocifs. Alors qu’une partie de la planète étouffe sous des dômes de chaleur aussi caniculaires qu’historiques, une autre doit affronter des précipitations brutales auxquelles elle n’était pas préparée. Si les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat – le fameux Giec – nous ont prévenus, dès l’aube des années 1990, de la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, ils ne pouvaient anticiper l’ensemble des conséquences économiques et surtout sociales d’une dérive climatique qui n’épargnera aucun être humain durant les cent ans à venir.

Si l’augmentation de la température n’est, à ce jour, « que » de 1,2 °C par rapport à l’ère pré­industrielle, les conséquences concrètes de ce bouleversement planétaire sont déjà visibles pour qui veut bien ouvrir les yeux : les populations les plus fragiles comptent leurs morts par milliers à chaque vague de chaleur, les récoltes agricoles sont détruites par des inondations ou des vagues de gel sans précédent, les tensions (et bientôt des guerres ?) entre nations autour de la ressource aquifère grandissent… Et cette énumération est loin d’être exhaustive.

Il importe de se poser urgemment cette question : comment ferons-nous société dans un environnement devenu par définition instable, dangereux et menaçant ?

Le système économique actuel, fondé sur la possession et l’hyperconsommation, nous a conduits dans l’impasse. Ses valeurs cardinales que sont l’accumulation de l’argent et le pouvoir qu’il confère sont déjà obsolètes. L’avenir appartient aux relations interpersonnelles, à tous ceux capables de tisser du lien.

Les travaux et les réflexions des grands acteurs sociaux sur cette question restent trop rares. Mais ils sont quelques-uns à s’emparer de cette problématique. Une volonté de transition émerge au travers d’initiatives souvent localisées. A titre d’exemple, on peut citer l’union départementale des associations familiales de l’Hérault, qui met au cœur de son projet la responsabilité sociale et environnementale. Ou certaines directions d’établissements qui agissent déjà pour réduire leurs consommations énergétiques, leurs déchets et favoriser les circuits courts en matière d’alimentation. Une approche globale, à l’opposé d’un travail en silo, qui mérite de s’étendre largement.

De ce point de vue, l’initiative du « Pacte de pouvoir de vivre » apparaît comme précurseur. Les fondateurs de ce mouvement, parmi lesquels des ONG environnementales, des associations du secteur médico-social mais aussi des centrales syndicales ainsi que des mutuelles et des coopératives, affichent une folle ambition : réinventer le bien commun pour nous permettre d’agir, enfin collectivement.

Éditorial

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