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« De qui faut-il avoir honte ? »

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Et si nier les races revenait à perpétuer la domination des Blancs ? C’est la question provocatrice posée par Fabrice Olivet, historien de formation et militant associatif, qui, alors qu’il est métis, s’entend expliquer depuis son enfance ce qu’est ou non le racisme. « Certes, il est de plus en plus admis que si les races n’existent pas, le racisme, lui, existe bel et bien ; mais cette séance de rattrapage ne fait qu’accentuer le caractère paternaliste du chapelet de prescriptions antiracistes qui laisse de côté l’essentiel du débat. Car, enfin, le cœur du sujet reste bien la couleur de ma peau, la forme de mes lèvres, la texture de mes cheveux, la longueur de mes mains, l’odeur dégagée par mon corps, enfin toutes les choses qui forment la partie la plus évidente d’un tout qui s’appelle “moi” », affirme l’auteur. Et de s’interroger : « De quoi exactement faut-il avoir honte ? » Sous couvert d’universalisme, la focalisation sur le corps de l’autre est, selon lui, la particularité du racisme en France. Ce que les Anglo-Saxons appellent colorblindness ou « aveuglement à la couleur ». Considéré chez nous comme une valeur, celui-ci empêche les problématiques des immigrés noirs, asiatiques ou arabes d’émerger. Dans les années 1980, le slogan « Touche pas à mon pote » de SOS Racisme en a été l’illustration. Cet affichage de bonne camaraderie, loin des réalités « triviales et franchement sordides du vrai racisme, celui des flics, des chefs de cuisine ou des contremaîtres de chantiers », et instrumentalisé par la gauche socialiste de l’époque, a surtout permis de tuer dans l’œuf la naissance du mouvement « beur ». Le ressenti est un objet politique, souligne celui qui se définit comme « marron » et qui en appelle à ne pas prendre en compte le racisme que sous sa dimension sociale et économique, mais aussi sous sa part émotionnelle : « La différence de peau est une expérience du corps » qui, comme les drogues, affecte « notre inconscient pour produire des effets tardifs, souvent violents ou autodestructeurs ». Un essai qui repose essentiellement sur l’expérience.

Notes

« Au risque de la race » – Fabrice Olivet – Ed. de l’Aube, 18,50 €.

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