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Immigration : Londres sur les sombres traces du Danemark

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Immigration : Londres sur les sombres traces du Danemark

Crédit photo Étienne Cassagne
Les autorités britanniques envisagent de reproduire l’initiative de Copenhague de sous-traiter à des pays tiers les demandes d’asile des migrants, provoquant la stupeur et la colère des ONG.

Comment décourager les migrants économiques et les demandeurs d’asile de tenter l’aventure au Royaume-Uni ? Depuis plusieurs mois, le gouvernement conservateur de Boris Johnson multiplie les propositions plus ou moins loufoques – comme la création de vagues artificielles pour repousser les embarcations dans la Manche – à l’heure où le pays devrait enregistrer un nombre record de demandes d’asile cette année. Au cours des six premiers mois de 2021, 6 000 personnes ont déjà effectué la traversée, contre 8 417 officiellement comptabilisées sur l’ensemble de l’année 2020. C’est donc sans réelle surprise mais avec consternation que les ONG et cabinets d’avocats investis dans la défense des migrants ont découvert le projet du Royaume-Uni de suivre l’exemple du Danemark(1), en cherchant à établir des centres de traitement des demandes d’asile à l’étranger – comme au Rwanda pour Copenhague –, obligeant par là même les candidats à quitter le territoire britannique pour un centre de détention tiers, le temps que leur demande soit examinée. « C’est un projet de loi anti-réfugiés extrême et méchant [qui] n’a sa place dans aucun pays qui cherche à défendre les droits humains et l’état de droit », a réagi Tim Naor Hilton, directeur général de Refugee Action. Tandis que la Law Society of England and Wales avertissait que la loi violerait sans aucun doute les obligations du Royaume-Uni en vertu de la Convention des Nations unies sur les réfugiés de 1951.

Accords de Dublin inapplicables

Selon les médias anglais, des responsables de la majorité conservatrice ont déjà entamé des discussions avec leurs homologues sociaux-démocrates danois sur une éventuelle coopération et le partage des coûts dans de possibles centres d’asile en commun. Mais à Copenhague, le projet s’est enlisé dans les méandres des négociations parlementaires, et le Danemark s’est entre-temps engagé à respecter la Convention des Nations unies, ainsi que le Pacte mondial onusien pour les migrations.

Les deux pays se trouvent d’ailleurs dans des situations très différentes. Depuis le Brexit, le Royaume-Uni ne peut plus s’en remettre aux accords de Dublin, qui imposent aux migrants d’effectuer leur demande d’asile dans le premier pays européen atteint, et ceux qui rejoignent les côtes anglaises relevant donc automatiquement de la responsabilité de Londres. D’où la dureté inédite du projet de loi présenté le 6 juillet dernier par Priti Patel, la ministre de l’Intérieur de Boris Johnson. Son texte prévoit d’allonger de 6 mois à 4 ans les peines de prison encourues pour les migrants entrés de manière clandestine dans le pays, tandis que les passeurs risqueront dorénavant la prison à vie. Il s’agit ni plus ni moins d’une « tentative de criminaliser les réfugiés », s’indigne encore l’ONG Refugee Council, alors que la Croix-Rouge britannique en appelle à la « compassion » du cabinet Johnson.

La mobilisation de la société civile demeure cruciale face aux mesures cruelles sans cesse brandies par Priti Patel, surnommée outre-Manche la « dame de fer ». A la fin du mois de mai, le gouvernement avait ainsi annulé son plan d’expulsion de milliers de demandeurs d’asile déboutés pendant la pandémie sanitaire. 4 000 d’entre eux risquaient d’être chassés de leur logement et de se retrouver à la rue. Outre les pressions des ONG, les autorités sanitaires et le Public Health England (PHE), un organisme dépendant du ministère de la Santé, avaient souligné le lien entre le fait de vivre dans la rue et le risque accru d’infection à la Covid. Un sursis qui pourrait n’être que de courte durée, Boris Johnson ayant annoncé sa volonté de « mettre un terme aux restrictions obligatoires et permettre aux citoyens de prendre leurs propres décisions en connaissance de cause face au virus », après la levée des dernières restrictions prévue le 19 juillet.

Notes

(1) Voir ASH n° 3211 du 28-05-21, p. 39.

… et d’ailleurs

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