C’est un petit livre tout simple dans lequel les auteures ont tout bonnement demandé à des mineurs isolés étrangers ce qui leur manquait le plus. A cette question, la grande majorité d’entre eux ont répondu : « Ma maman. » Puis est venu le souvenir d’une grand-mère, d’une sœur, d’un frère. Ce n’est pas toujours la guerre ou la misère qui les a décidés à émigrer. Sakia et Ben, deux Guinéens, ont fui leur pays car leur père voulait les envoyer dans une école coranique au Mali. Ils étudient aujourd’hui dans un lycée professionnel à Marseille et appellent leur mère une ou deux fois par mois, qui leur demande s’ils mangent bien. Youssef, le dernier d’une famille de sept enfants, a quitté l’Egypte pour échapper à un père violent. Kadi, elle, a quitté Conakry parce que son oncle paternel envisageait de la marier de force à l’un de ses cousins – « un monsieur vieux avec un gros ventre ». Tous rêvent de revoir leur mère un jour. Celle de Youssef voudrait qu’il lui ramène « une robe noire, un foulard noir et des chaussures noires ». Des histoires d’enfants, de pertes et d’attachements.
« Celle que j’ai laissée » – Marie-Françoise Colombani et Clarisse Quillet – Ed. Actes Sud, 9,90 €.