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Le désastre annoncé n’a pas eu lieu

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Les faits sont là, rudes, têtus : cours à distance, manque d’équipements pour les suivre, difficulté à trouver des stages ou, à tout le moins, à les réaliser dans de bonnes conditions, défaut de lien social, alors qu’il s’agit précisément de l’essence du travail social… Mais les capacités d’adaptation propres à l’humain ont permis de limiter leurs effets dévastateurs. Ainsi les enseignants et les équipes de direction ont-ils modifié les cours et mis, dans certains cas, à disposition des soutiens psychologiques (page 8, ainsi que dans notre podcast SMS). De même, les étudiants ont noué des solidarités, malgré un éloignement géographique qui les a parfois contraints à un isolement à l’opposé de la caractéristique sociabilité entre jeunes (page 10).

Le pire a donc été évité. Pour autant, il reste difficile d’évaluer avec précision les effets de cette année scolaire marquée d’une pierre noire. Du côté des jeunes, on s’inquiète de la valeur du diplôme préparé dans ces conditions particulières : un diplôme d’Etat reste un diplôme d’Etat, veulent les rassurer les instituts de formation. Les équipes enseignantes, elles, se questionnent : les élèves ont-ils été davantage absents ? « Parfois, je me connectais, j’éteignais la caméra et j’allais faire autre chose, en laissant le cours en bruit de fond », confie Océane. Décrochages et abandons se sont évidemment produits, même s’il est ardu de les quantifier et d’en identifier les causes avec précision. Car aux effets de la pandémie se joignent ceux de la réforme des diplômes en travail social, qui passe mal, et ceux de Parcoursup, qui rend ces métiers davantage visibles et modifie les conditions pour y accéder… Pourtant, les étudiants qui se sont accrochés ont souvent eu le déclic, une confirmation de leur vocation durant les stages. Leur endurance dans ce contexte témoigne déjà de la force de leur volonté, un atout précieux pour devenir travailleur social.

Autre point positif, enfin, l’inventivité pédagogique rendue nécessaire par la pandémie pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour l’enseignement. L’apprentissage, jadis perçu comme une formation au rabais, aujourd’hui plébiscité (page 12), pourrait se voir rejoint par d’autres modalités de formation innovantes, mixant par exemple les cours à distance et sur site. Un seul objectif pour les instituts de formation : enrichir leur offre. Dès lors, cet enjeu qui leur est propre, et qui vise à leur donner un équilibre économique, pourrait rendre à ces métiers boudés une belle attractivité. Un cercle vertueux pour les écoles, les jeunes et les employeurs.

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