Youtubeurs en herbe, mangas, Intermedia ou cinéma. Pour coller aux aspirations des jeunes générations, l’association Vitacolo est passée aux colos 2.0. Le principe ? Pendant les treize jours du séjour, les adolescents, rassemblés autour d’un centre d’intérêt commun, construisent un projet ensemble. Une vidéo, un journal, une chaîne Youtube, une bande dessinée ou un petit film… Les possibilités dépendent de leurs envies. « Il ne s’agit pas de séjours dématérialisés, où les adolescents restent assis derrière leur écran à regarder des vidéos. Ce serait complètement dénué de sens pédagogique, s’esclaffe Coline Peraud, directrice de séjour à Vitacolo et formatrice Bafa. L’idée est de partir de ce qui plaît aux enfants et de monter des projets en lien avec leurs passions. » Pour cela, les jeunes, répartis par tranches d’âge, travaillent en petits groupes à la réalisation d’un support final. Les animateurs (un pour six enfants) ne sont là que pour apporter un soutien technique et du matériel. « On part du principe que tous les jeunes vont pouvoir trouver un séjour qui leur convient. Ensuite, dans chaque groupe, ils vont mutualiser leurs compétences. Dans la colo “Youtubeurs en herbe”, certains savent filmer, d’autres faire du montage… On pratique la cotransmission pour valoriser chacun d’entre eux », poursuit la directrice.
Partir des besoins et des envies des enfants pour les accompagner sans leur imposer une « vision d’adulte », c’est le leitmotiv de l’association, qui fonctionne sans subventions fixes. Alors que les colonies de vacances ont parfois une image un peu désuète, Vitacolo regrette que de nombreux organismes de grande taille aient pris un tournant consumériste, perdant le sens premier des séjours collectifs. « Aujourd’hui, ce qui plaît, c’est de consommer de l’activité. De l’escape game, de la bouée tractée, du voyage en Grèce. Nous, on continue à faire de l’animation “à l’ancienne”, avec des projets qui visent à l’épanouissement des jeunes dans un groupe », détaille Coline Peraud.
Depuis sa création en 2008 en tant qu’association d’éducation populaire, l’organisme promeut un objectif de mixité sociale et accueille des enfants et adolescents issus de tous les milieux sociaux. « Nous travaillons avec des foyers et des centres sociaux, mais avons aussi un objectif d’inclusion en recevant des enfants en situation de handicap », explique Anaïs Papillault des Charbonneries, chargée du développement associatif. « Au départ, Vitacolo s’est construite après le constat qu’il existe des colos “pour les pauvres” et d’autres “pour les riches”. Nous voulions des séjours accessibles à tout le monde, pour faire en sorte que les enfants se croisent en dehors de leur contexte familial et de leur cadre social. C’est un moment de pause pour découvrir l’univers des autres. » La structure fonctionne via les chèques-vacances et les bons des caisses d’allocations familiales pour offrir aux enfants issus de milieux défavorisés une chance de partir en vacances. Au total, chaque année, elle accueille entre 600 et 800 enfants.
Un autre aspect pédagogique tient à l’éducation à l’image et aux réseaux sociaux. « J’estime essentiel d’aborder les questions de droit à l’image, de harcèlement et les conséquences de publier sur les réseaux. Réfléchir et questionner ses actes permet aux jeunes de grandir », affirme Coline Peraud.
Cette année, les enfants partiront dans l’un des deux centres de l’association, à Obernai, dans le Bas-Rhin, ou à Gap, dans les Hautes-Alpes.