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Inde : des « bureaux d’aide » pour les femmes victimes de violences

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Inde : des « bureaux d’aide » pour les femmes victimes de violences

Crédit photo Étienne Cassagne
Une quinzaine de commissariats vont se doter d’un dispositif censé améliorer la prise en charge des victimes, dans un pays où les viols et les agressions sexuelles atteignent des niveaux alarmants.

La police du district de Tiruchirappalli, ville de plus d’un million d’habitants située dans l’Etat du Tamil Nadu (sud de l’Inde), s’est associée à divers services de l’administration et aux travailleurs sociaux pour mettre en place des bureaux d’assistance (« Women’s Help Desk ») pour les femmes victimes de violences. Selon le Hindu Times, qunize commissariats, dont cinq entièrement composés de personnel féminin, disposeront de ces services fonctionnant 24 heures sur 24 pour fournir « toute aide » aux femmes en détresse, avec un numéro spécial d’urgence pour alerter les autorités. « En cas de tels appels, nous leur rendrons visite en civil et nous aiderons à résoudre le problème », explique un policier pas peu fier de vanter l’équipement fourni, soit « un ordinateur portable et un deux-roues » (sic) dans chaque commissariat. Le service d’assistance promet également une coordination avec le bureau de la protection sociale du district, celui de la protection de l’enfance, le département du travail, des médecins et des psychiatres, afin de « fournir une aide significative ». Les pratiques de la police dans le district de Tiruchirappalli ne brillaient guère pour leur réactivité et leur efficacité, à en croire un responsable de la protection sociale cité par le Hindu Times : « Lorsque le service de police reçoit une plainte, il doit d’abord nous contacter. Si nous devons porter plainte pour des violations telles que le mariage d’enfants, nous devons leur écrire une lettre. Désormais, le travail se fera simultanément. »

L’épouse est la propriété du mari

Un état des lieux inquiétant mais qui ne surprend guère, dans un pays littéralement gangrené par les violences faites aux femmes, et paralysé par un système politique et judiciaire insensible à ce fléau. Quelques lois ont bien été adoptées pour feindre de l’enrayer, à l’image de celle votée au Parlement indien le 22 mars 2013, baptisée « anti-viol », et qui condamne en théorie tous les « coupables » à un minimum de vingt ans de prison, une peine pouvant être élargie à la perpétuité ou à la peine de mort, toujours pratiquée dans le pays, en cas de décès de leur victime.

Voilà pour la théorie. En pratique, les auteurs de viols sont rarement punis, même si des peines exemplaires sont parfois infligées au gré des faits divers sordides qui choquent régulièrement l’opinion publique. Pire, alors que deux tiers des femmes indiennes seraient victimes de viol conjugal, le délit n’existe toujours pas dans la loi, dans un pays où l’épouse est considérée comme la propriété de son mari.

Une justice peu sensibilisée

Au mois de mars dernier, le président de la Cour suprême, soit la plus haute juridiction de l’Inde, examinait la demande de mise en liberté sous caution d’un fonctionnaire accusé d’avoir harcelé, ligoté, bâillonné et violé à une dizaine de reprises une jeune mineure, avant de menacer de la brûler vive ou à l’acide si elle le dénonçait. Le magistrat avait proposé au violeur d’épouser sa victime pour éviter l’incarcération : « Si vous voulez vous marier, nous pouvons vous aider. Sinon, vous perdrez votre emploi et vous irez en prison. Vous avez séduit la fille (sic), vous l’avez violée. Vous auriez dû réfléchir avant de [la] séduire et de [la] violer. Vous saviez que vous êtes un serviteur du gouvernement », avait-il lancé en décidant la suspension de l’incarcération du fonctionnaire pour une durée d’un mois.

Des propos qui avaient scandalisé les associations de défense des droits des femmes, lesquelles avaient publié une lettre ouverte approuvée par 5 200 grandes signatures exigeant la démission du magistrat. Loin d’être inquiété, ce proche du BJP (parti nationaliste) au pouvoir a tranquillement pris sa retraite programmée le mois suivant.

… et d’ailleurs

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