Il y aura un avant et un après-coronavirus. Mais quel sera le monde de demain, et quel rôle y joueront les associations ? Pendant la crise, elles ont pallié l’urgence sociale mais ont été délaissées du plan de relance gouvernemental de septembre dernier. Faut-il y voir le signe d’un déni de leur légitimité et des conséquences de la crise sur leurs actions ? La question est posée par plusieurs réseaux associatifs et des chercheurs dans cet ouvrage collectif, né d’une journée d’études organisée en novembre 2020. Deux options sont envisagées : soit le tissu associatif se renforce, soit il s’appauvrit. Dans les deux cas, plusieurs obstacles apparaissent. Tout d’abord, le secteur peine à trouver sa place dans la société marchande, où les décideurs économiques le considèrent souvent comme « has been » et non comme « créateur de richesses ». Il est, ensuite, très diversifié, voire divisé. Impossible, dans ces conditions, de se faire entendre d’une seule voix. Le monde associatif « ne peut pourtant se restreindre à adoucir les maux d’un monde soumis à la logique du profit », souligne Gilles Rouby, président du Collectif des associations citoyennes. L’intention est louable mais les écueils sont nombreux. Comment grandir en évitant le modèle entrepreneurial et sa logique gestionnaire, sans perdre ses principes de solidarité ? Car la convergence d’intérêts publics et privés est en marche. C’est même la piste privilégiée par le gouvernement : « faire financer le secteur associatif à objet non lucratif porteur de l’intérêt général par le secteur privé à objet lucratif porteur d’intérêts privés ». Une fausse philanthropie qui, selon Gilles Rouby et Frédérique Kaba, directrice des missions sociales à la Fondation Abbé-Pierre, « accentue la logique d’appels à projets et pousse les associations vers le marché, les met en concurrence les unes avec les autres, sans pour autant garantir la mise en œuvre d’actions de qualité, et fait appel à des entreprises privées qui en profitent pour faire du dumping économique et social ». Bref, une marchandisation du monde associatif et de l’aide sociale.
« Quel monde associatif demain ? » – Sous la direction de Patricia Coler, Marie-Catherine Henry, Jean-Louis Laville et Gilles Rouby – Ed. érès, 13 €.