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Un choix politique

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Protéger les enfants ou protéger la société de ses enfants ? Cette question résume presque à elle seule la problématique à laquelle les éducateurs de la prévention spécialisée sont confrontés aujourd’hui : apporter une aide socio-éducative, une écoute aux jeunes des cités, ou orienter leurs missions vers la lutte contre la délinquance. L’image est, certes, exagérée car l’un découle de l’autre. Mais le déploiement de « bataillons de prévention spécialisée » annoncé par le gouvernement dans les quartiers de « reconquête républicaine » a ravivé les inquiétudes des professionnels. Non qu’ils soient défavorables à des effectifs supplémentaires, aussi faibles soient-ils, tant le déficit sur le terrain est criant. Mais la terminologie militaire en dit long sur un supposé ennemi à vaincre. L’histoire est ancienne. Selon l’invité de notre podcast SMS cette semaine, Pascal Le Rest, auteur de Qui veut la mort de la prévention spécialisée ?, la récente mesure s’inscrit dans une évolution déjà marquée par la loi du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance puis dans la lutte contre la radicalisation après 2015. Dans un plaidoyer, publié en mai dernier, l’Association de prévention spécialisée nationale (APSN) rappelle avec force les missions des acteurs du secteur et leur affiliation aux services de la protection de l’enfance, donc des départements. Des fonctions fondées, entre autres, sur l’« aller vers » et le respect de la confidentialité, en totale contradiction avec celles qui consistent à exercer un contrôle social des adolescents. « Notre travail est d’agir sur l’insertion socio-professionnelle des jeunes en voie de marginalisation, pas de faire la police », souligne un responsable (page 8). Sans nier les difficultés dans certains territoires devenus des zones de non-droit, pas question pour ces « travailleurs de l’ombre » de perdre la confiance des jeunes, de plus en plus difficile à acquérir, ni de servir de « pompiers de service », a fortiori dans un contexte électoral où l’insécurité sert de leitmotiv. Chômage, paupérisation, bandes, économie souterraine, racisme… Les maux dont souffrent les quartiers populaires sont nombreux. Pour autant, si des conflits parfois meurtriers, souvent surmédiatisés, existent, les jeunes ne sont pas statistiquement plus violents que dans le passé. En revanche, ils manquent « cruellement de professionnels de proximité » à leurs côtés, d’adultes référents et compétents (page 12). Quand ils sont présents, comme à Sarcelles (Val-d’Oise), les violences, alimentées et amplifiées par les réseaux sociaux, ne disparaissent pas comme par magie mais se désamorcent plus facilement (page 10). Encore faut-il que le choix politique de soutenir les jeunes qui en ont le plus besoin s’opère. Et que les fameux « bataillons » ne signent pas une déclaration de guerre.

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