« Œuvrant dans le médico-social depuis quinze ans, j’ai toujours été confronté à des problématiques de recrutement. » Face à ce constat, Jean-Marie Delfieux, directeur d’un Ehpad de la Fondation de l’Armée du Salut, à Saint-Etienne (Loire), a décidé d’« être proactif ». Avec quatre autres responsables d’établissements sociaux et médico-sociaux stéphanois et lyonnais, ils ont imaginé une agence d’intérim à but non lucratif sous forme d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Née en avril 2019 et installée à Vénissieux (Rhône), Medirim s’adresse à tous les acteurs du social et du médico-social (handicap, protection de l’enfance, personnes âgées, inclusion…). L’agence regroupe également d’autres structures de l’Armée du Salut, un établissement de France Horizon, un autre de l’association Alynéa (Association lyonnaise d’écoute et d’accompagnement) et le Foyer Notre-Dame des sans-abri (FNDSA), à Lyon. Medirim offre aux recruteurs des profils variés : infirmiers et aides-soignants en Ehpad, travailleurs sociaux en centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), éducateurs spécialisés, assistantes sociales, moniteurs-éducateurs, etc. « C’est l’intérêt majeur de l’agence, souligne Jean-Marie Delfieux. On y trouve tous les types de salariés dont un acteur du social ou du médico-social a besoin. »
En un peu plus de deux ans de fonctionnement, une soixantaine de salariés (en équivalent temps plein) ont été placés. Car, au sein de Medirim, les professionnels ne sont pas considérés comme des intérimaires mais comme des salariés « détachés ». Ce qui leur permet de bénéficier d’une réelle souplesse dans leur agenda, comme l’explique Aurélie Besson, aide-soignante en Ehpad : « Je peux choisir mon planning. Je suis maman, et si j’ai besoin de mes mercredis après-midi, je l’indique et l’agence en tient compte. » Autre avantage, les missions proposées sont toujours au long cours : « Mon emploi du temps est bouclé jusqu’en septembre. En réalité, depuis deux ans, je travaille toujours dans la même structure, à la carte, selon mes desiderata. C’est très confortable. » D’autant qu’elle y gagne financièrement. En effet, comme toujours en intérim, un salarié détaché perçoit 20 % de plus qu’une personne en contrat à durée indéterminée, sa rémunération intégrant deux indemnités de 10 % (précarité et congés payés).
L’agence Medirim offre aussi aux professionnels des passerelles entre les structures adhérentes. Pour ceux qui souhaiteraient évoluer dans leur carrière, il est possible de passer d’un établissement à un autre. « Les salariés acquièrent de l’expérience dans divers domaines. Leur travail n’est plus subi, mais choisi », vante Jean-Marie Delfieux. Et de donner un exemple concret : « J’avais pris en remplacement une aide médico-psychologique pendant quelques mois. Au retour de ma titulaire, je n’avais plus de débouchés pour elle, mais elle a pu être embauchée par une structure de la coopérative. » Dernier avantage, et non des moindres, les directeurs adhérents sont allégés d’une tâche administrative particulièrement chronophage. Ils se reposent en effet sur une chargée de recrutement, salariée de l’agence, qui s’occupe de la recherche de candidats, de l’embauche et des éventuels problèmes en cours de contrat en se rendant une fois par semaine dans les structures. Dans les mois à venir, le concept devrait gagner la Haute-Loire, l’Ardèche, la Drôme et l’Isère.