Certaines annonces sont symboliques. Il en va ainsi de la récente décision du gouvernement de repousser au mois de septembre les Assises de la psychiatrie et de la santé mentale. Un événement initialement programmé ce mois de juin, même si aucune date précise n’avait été avancée. De nombreuses voix se sont élevées pour critiquer une concertation préalable au rabais ainsi qu’une vision trop « médico-centrée », reléguant les acteurs sociaux au rang d’observateurs de problématiques dont ils sont pourtant l’un des protagonistes. Il est toujours utile de se préserver des généralisations, mais force est de constater que la méfiance entre les professionnels de la psychiatrie et les acteurs sociaux est ancienne et profondément ancrée, comme le raconte l’historien Hervé Guillemain, invité cette semaine de notre podcast SMS. Le fonctionnement en silos, s’il peut se justifier par un respect des protocoles ou du secret médical, est souvent défavorable à une prise en charge holistique des publics accompagnés (page 8). La Haute Autorité de santé (HAS), bien consciente du problème, recommande de renforcer les formations à l’inclusion dans le soin. Un vœu resté pour l’instant pieux car il se heurte à plusieurs réalités. D’abord, à celle d’un manque de moyens endémique, largement dénoncé ces dernières années par l’ensemble des syndicats concernés. Ensuite, à celle du rôle alloué aux psychologues. Un point de tensions en cours de cristallisation dans la prise en charge psychique des Français. Des milliers de praticiens ont d’ailleurs manifesté un peu partout en France, le 10 juin dernier, pour protester contre le projet de remboursement des consultations, qu’ils estiment incompatible avec un accompagnement de qualité, et contre la soumission de toute prise en charge à l’accord du médecin traitant. Une question d’autant plus inflammable que l’on évoque la prise en charge des enfants autistes. Des structures essentielles telles que les centres médico-psycho-pédagogiques sont menacées dans leur intégrité (page 10), contraintes de se concentrer sur la détection précoce des troubles neuro-développementaux à moyens constants, au détriment d’autres pathologies. Pourtant, une amélioration de la santé mentale collective aurait beaucoup à gagner à une collaboration entre les secteurs sanitaire et médico-social. En atteste le guide « GPS » créé par deux psychologues hospitaliers. Il sert à exprimer les volontés des personnes dont les troubles psychiques sont susceptibles de nécessiter des soins (page 12). Sa promotion est aujourd’hui largement assurée par des établissements sociaux.
L’événement
Mutuelle défiance
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