Quand il crée sa structure de « réinsertion des grands seniors » en 2010, Franck Binoche possède déjà une solide expérience. Aujourd’hui président de Triéthic, une entreprise adaptée basée à Nanterre (Hauts-de-Seine), spécialisée dans le recyclage de déchets tertiaires pour les entreprises, il a déjà exercé en tant que directeur des ressources humaines dans un groupe de propreté qui comptait deux entreprises adaptées. Conscient des risques professionnels associés à cette activité, il veille d’entrée de jeu à éviter certains pièges. « L’erreur courante est d’avoir des métiers postés, qui n’alternent aucune fonction. A force de répéter, on ne fait plus attention », explique l’entrepreneur. Chez Triéthic, qui compte 13 salariés dont 9 en production, « la personne qui conduit le matin trie l’après-midi ». De quoi éviter aussi la « répétition des gestes ».
Plus de dix ans après le démarrage de son activité, Franck Binoche revendique « zéro accident » du travail. C’est le résultat d’efforts conséquents concentrés sur la formation. Triéthic intègre ses salariés à travers le contrat de professionnalisation, d’une durée de six mois. Construite sur mesure et d’une durée pouvant aller jusqu’à 350 heures, cette formation permet de se concentrer sur la sécurité, qui peut occuper jusqu’à 90 heures. Sur les gestes et postures, « il faut être répétitif, estime Franck Binoche, car il y a une multitude de situations possibles qu’il faut travailler », de la sécurité au niveau du tri, du chargement des déchets, en passant par la conduite. Avec un fil rouge : « Faire comprendre au salarié que son corps, c’est la priorité. Il ne doit absolument jamais se mettre en danger ou exercer une pression ou une posture inadaptée qui causera une douleur. » Franck Binoche veille ainsi à la clarté du message. « La première chose que je leur dis, c’est que leur squelette doit rester droit. En tri, on a tendance à ne tourner que la partie supérieure du corps. On peut se prendre un lumbago tout de suite. »
Assurer de bonnes conditions de travail à ses salariés passe, enfin, par une sélection des clients, tant au niveau des tarifs que des conditions dans lesquelles les salariés de Triéthic iront collecter les déchets. D’où l’importance d’une connaissance des conditions réelles du travail. « On a déjà refusé d’aller débarrasser des caves, parce qu’on se rend compte que les conditions sont très difficiles et très dangereuses. On ne peut pas tout accepter. »