« Le besoin de soutien à la parentalité n’est pas spécifique à l’autisme. Et de nombreux parents autistes vivent leur parentalité sans nécessité d’accompagnement, précise d’emblée Léa Girardet, assistante sociale, qui a coconstruit le programme Soupape (« Soutien parents autistes et partage d’expérience »). Cependant, quand ils sont en difficulté, les parents autistes ne trouvent pas toujours les relais nécessaires ou l’accompagnement spécifique dont ils ont besoin. » D’où l’utilité de ce programme, coélaboré par des professionnels et des parents présentant un trouble du spectre de l’autisme.
Il s’agit de dix séances mensuelles, chacune d’une durée de deux heures et demie, dispensées par une équipe pluridisciplinaire (une médecin psychiatre, deux psychologues et une assistante sociale). Le programme est proposé à huit personnes autistes (un couple et six parents célibataires) dont les enfants ont entre 5 et 18 ans. Besoins fondamentaux de l’enfant, stratégies de compensation de la fatigue inhérente à la parentalité, partage de moments de complicité, relations avec l’école ou les services sociaux… A chaque séance, sa thématique. « Chaque participant s’est au préalable entretenu avec un professionnel afin d’évaluer ses besoins, explique Gentiane Cambier, médecin psychiatre. L’objectif est d’identifier l’écart entre le niveau de savoir actuel (connaissances, savoir-être, savoir-faire) et le niveau de compétence souhaité. Notre but est de personnaliser, si besoin, le contenu de certaines séances. »
Le déroulé de tous ces temps de partage est identique. Ils débutent par un tour de table relatif au travail de réflexion personnelle proposé en fin de séance précédente. Viennent ensuite une présentation orale et visuelle du déroulé de la séance, puis un exercice de réflexion ou de mise en pratique facilitant le partage entre participants du vécu expérientiel. La séance se poursuit par un apport théorique ou de stratégies pouvant soutenir la parentalité. Enfin, un travail de réflexion personnelle à domicile est proposé afin de préparer la rencontre suivante. « Par exemple, lors de la thématique sur l’école, nous avons organisé un “escape game”, rapporte Léa Girardet. Les participants avaient pour objectif de s’échapper de l’école en relevant des défis. Il s’agissait de répondre correctement à un certain nombre de questions fréquemment posées : comment s’adresser à l’enseignant, parler de son autisme à l’école ou aider son enfant à faire ses devoirs. » Gentiane Cambier complète : « L’idée est de favoriser la pair-aidance. Les mises en situation poussent les participants à la réflexion, les stimulent pour qu’ils soient ensuite plus intéressés par l’apport théorique. »
A ces dix séances mensuelles s’ajoute, pour certains parents, la possibilité de s’entretenir avec une psychologue afin de bénéficier d’un travail individuel ou de réaliser des objectifs plus personnalisés. « Au-delà des outils pratiques, des références théoriques sur la parentalité, ce programme permet de redonner à ces personnes de l’estime de soi, apprécie Gentiane Cambier. Elles pensent que l’autisme va les freiner au quotidien. Or leur façon de voir le monde est très enrichissante. Mais beaucoup l’ont oublié. L’idée est de leur redonner confiance. Nous leur transmettons notre vision positive de l’autisme. »