Le métier de technicien dE l’intervention sociale et familiale (TISF) est tout à la fois essentiel, mal connu et peu valorisé. Ces professionnelles – les hommes sont rares à exercer – présentent pourtant un profil atypique et utile dans le repérage de signaux faibles. Travaillant dans la durée avec les publics accompagnés, elles sont à même de détecter les premiers symptômes de dysfonctionnements familiaux graves. Interlocutrices de plus en plus privilégiées des assistantes sociales, de l’aide sociale à l’enfance, de la justice ou des psychologues, elles permettent une prise en charge précoce pouvant éviter des placements ou des traumatismes (page 12). Pour tenter de rendre attractive une profession qui manque singulièrement de bras, le gouvernement martèle qu’elle a « de l’avenir ». Une position qui n’a suscité aucun étonnement tant le manque de personnel diplômé pèse désormais sur les services. Alors que 60 % des TISF ont plus de 45 ans, les départs en retraite se multiplient tandis que 85 % des services d’aide et d’accompagnement à domicile (Saad) connaissent des difficultés à recruter (page 8). Des conditions de travail pénibles, constituées d’horaires à rallonge et de nombreux déplacements, peinent à attirer les jeunes vers une pratique du travail social cruciale mais qui réclame patience et longueur de temps. S’il y a déjà plus de vingt ans que le statut de ces travailleuses sociales est officiellement reconnu, leur image, trop souvent associée à celle de l’aide-ménagère, tarde à évoluer. Une étiquette qui n’était pas forcément usurpée avant 1999, quand elles étaient recrutées pour officier comme « secondes mamans », dans les familles nombreuses. Si ce temps est révolu, le métier n’a pourtant pas cessé d’évoluer, au point que celles qui l’exercent endossent souvent un rôle de coordinateur des services sociaux dans la prise en charge des familles. Conséquence ? La formation initiale, qui n’a connu aucune réforme depuis quinze ans, a besoin d’être sérieusement dépoussiérée. Ce devrait être le cas dès l’an prochain. Un apprentissage qui sera désormais accessible via le compte personnel de formation afin d’attirer un panel plus large de candidats (page 14). Mais renforcer l’attractivité de la fonction de TISF passera aussi par une revalorisation salariale. La refonte de la grille conventionnelle, qui entrera en vigueur le 1er octobre, devrait faire augmenter le salaire de celles employées en Saad de 13 % à 15 %. Un pas dans la bonne direction. Elsa Masson, d’Adedom, y revient dans le podcast SMS de cette semaine. Mais tout enthousiasme en la matière est à modérer au regard de la faiblesse actuelle des salaires. En début de carrière, une TISF ne touche que 1 700 € brut par mois.
L’événement
Surmonter la crise des vocations
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