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Vacances pour tous, enjeu majeur de la sortie de crise

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Les vacances doivent aussi être accessibles aux personnes précaires, d’autant qu’elles favorisent une amélioration de leur accompagnement social. L’Agence nationale des chèques vacances et la Fédération des acteurs de la solidarité invitent les travailleurs sociaux à préparer des projets de séjour, et lancent leur campagne commune 2021 d’accès aux loisirs.

« Fin septembre 2020, une dizaine de résidents du CHRS La Chambrerie de l’association Entraide et solidarités de Tours ont pu prendre des vacances à Saint-Malo avec une animatrice et une infirmière. Certaines de ces personnes n’étaient jamais parties ou n’avaient jamais vu la mer.

S’offrir des vacances, voilà bien un projet que ces hommes et femmes sans ressources et malades, accueillis dans le service LHSS (lits haltes soins santé) du centre, n’auraient jamais osé envisager. Selon l’équipe encadrante, ce séjour leur a permis de “laisser de côté” pour quelques jours leur situation administrative et médicale, source d’angoisse au quotidien. Quitter la structure médico-sociale a favorisé les échanges informels entre les soignants et les résidents. Ces moments ont permis de se centrer sur le bien-être et d’envisager des projets d’avenir en encourageant l’autonomie et les prises d’initiative.

Une résidente témoigne : “Nous avons ressenti un sentiment de liberté. Pas d’horaires à respecter ni de rendez-vous médicaux. La mer nous a vraiment permis de nous rafraîchir, surtout le jour où nous avons dû courir pour nous mettre à l’abri de la pluie ! J’ai aimé marcher, sentir et toucher le vent. Ça m’a réconfortée, ressourcée, donné le courage de continuer à me battre contre la maladie, car c’est bien plus qu’un médicament.”

Démarche participative

Le projet avait été construit avec les résidents dès juillet 2019, mais reporté une fois pour cause de Covid. Dans une démarche participative, la structure explique : “Nous avions réalisé en moyenne une réunion par mois, et chacun devait effectuer des recherches sur ce qu’on voulait faire et participer à l’élaboration du budget. Nous pensons beaucoup à tous ceux qui ont réfléchi à ce projet et n’ont pas pu le réaliser (fin de prise en charge et décès). D’autres personnes n’ont pu participer au séjour pour des raisons médicales, ce qui n’est pas aisé lorsqu’on envisage un projet sur un si long terme. En tant que porteurs de projet, nous avons dû répéter aux résidents que préparer le voyage n’assurait pas d’y participer. […] Le fait de ’rentrer de vacances’ a permis également de relancer une dynamique dans les projets personnels individuels, ce qui favorisera sûrement une insertion sociale.”

Ce départ a été rendu possible via le dispositif Vacances pour tou.te.s proposé par la FAS et l’ANCV. Un dispositif créé conjointement en 2019, qui permet chaque année à plus d’un millier de personnes en situation de précarité socio-économique de partir en vacances grâce à l’attribution de chèques-vacances couvrant une large part des dépenses du séjour. En 2020, grâce à la participation du réseau et à l’engagement des intervenants sociaux, ce sont 958 personnes issues des centres d’hébergement ou du logement accompagné qui ont bénéficié de ces séjours, pour un engagement de l’ANCV de plus de 200 000 €.

Cette année encore, il convient de défendre un droit au répit pour tous.

Épargner pour partir, une mission parfois impossible

A l’heure où le pays espère sortir de la crise sanitaire, le retour des libertés de déplacement à l’approche des vacances d’été pose de manière aigüe cette question du droit aux vacances, aux loisirs et à la culture des ménages les plus modestes. Au cours des cinq dernières années, les deux tiers des Françaises et des Français déclarent avoir dû renoncer à des départs en vacances pour des raisons financières (source Crédoc). Ainsi, malgré les nombreux dispositifs de soutiens financiers, l’accès aux vacances et aux loisirs reste structurellement déterminé par les contraintes économiques et sociales (assurer les dépenses quotidiennes les plus vitales), et culturelles (intégrer la possibilité du départ en vacances, disposer des codes pour choisir et organiser son séjour…) qui pèsent sur les plus pauvres. Ces inégalités sont à l’évidence aggravées par la crise sanitaire et sociale. L’épidémie a touché plus durement les ménages à bas revenus, les travailleurs précaires, les personnes ayant des difficultés d’accès aux soins, ou subissant le mal-logement. Pour ces familles, épargner en vue des vacances d’été est devenu mission impossible. Les confinements successifs ont aussi fortement réduit les activités d’éducation populaire, culturelles et sportives. La fermeture des écoles et l’arrêt des activités périscolaires ont perturbé les apprentissages au détriment des enfants issus des familles les plus modestes. Aux risques de décrochage s’ajoutent les effets psychologiques du sentiment d’isolement et de désaffiliation ressentis dans les quartiers populaires ainsi que par les jeunes qui vivent dans des territoires ruraux.

Enjeu sociétal

Aussi cette campagne s’inscrit-elle dans un dispositif plus large visant, à travers le programme Respirations, à intégrer l’accès à la culture, aux loisirs et à la science dans l’accompagnement social global des familles en situation de grande exclusion. Mis en œuvre en 2020 par la FAS et les associations Les Petits Débrouillards et Culture du cœur, le plan “L’été Respirations” a permis à plus de 1 600 personnes (enfants, jeunes et accompagnants) issues des structures d’hébergement ou du logement accompagné de participer à des activités culturelles, à des apprentissages scientifiques et ludiques, à des sorties à la mer ou à la campagne à la journée, à des ateliers artistiques et à des concerts dans les structures. Après une longue période de confinement très difficile pour ces familles, de telles actions prouvent une fois de plus que la culture (artistique et scientifique) et le sport comptent parmi les leviers essentiels d’émancipation et d’autonomisation des familles en situation de pauvreté. Elles représentent aussi une source de transformation du travail social et des modalités d’accompagnement dans le secteur de l’exclusion, car intégrer la médiation culturelle dans l’accompagnement social global permet de transformer la relation d’aide et de créer un climat de confiance. Ces actions offrent également un point d’appui favorisant l’intégration dans la société française de familles issues de l’immigration, parfois fragilisées par de longs parcours d’exil et d’errance.

Alors que nous venons de lancer la campagne des vacances d’été 2021, nous appelons toutes les associations qui accompagnent ces familles, les travailleurs sociaux, ainsi que tous les bénévoles à préparer avec les personnes des projets de départs en se rapprochant de la Fédération des acteurs de la solidarité pour un soutien logistique et financier. Le contexte sanitaire et social, durement ressenti par les plus modestes, impose une forte mobilisation des associations et des acteurs du tourisme à vocation sociale afin qu’aucune famille hébergée ne soit privée de vacances et de loisirs cet été pour des raisons financières ou d’isolement. L’accès aux vacances et aux loisirs est un enjeu sociétal, facteur d’émancipation, d’éducation et de bien-être : il est de notre responsabilité d’y contribuer dès cet été sur l’ensemble du territoire. »

Contact : vacances@federationsolidarite.org, jean-sebastien.deston@federationsolidarite.org

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