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Les échecs, le grand âge et l’ambition

Les fins de quinquennat sont souvent fertiles en propositions baroques. Et généralement saoules d’arrière-pensées électoralistes, surtout quand le pensionnaire de l’Elysée est candidat à sa propre succession. La réflexion du chef de l’Etat concernant la prise en charge du grand âge est à classer dans cette catégorie.

Ainsi, selon le journal Libération, Emmanuel Macron et son équipe sont tentés de lier le financement du dernier stade de la vie à une réforme des retraites. Le principe ? Il s’agirait de travailler plus longtemps pour financer la prise en charge du grand âge. L’objectif, de l’aveu même d’un cacique de la Macronie ? « Vider un peu plus de sa substance » le projet politique de Xavier Bertrand. Candidat déclaré à la présidence de la République, le patron de la région des Hauts-de-France a placé cette refonte au cœur de son programme.

Si la période est riche de déclarations à l’emporte-pièce, parfois dignes d’un épisode de South Park ou des Simpson, le cynisme et la légèreté avec lesquels l’exécutif traite deux des enjeux les plus cruciaux pour notre pays ont de quoi laisser pantois.

Sur la question du chômage, d’abord. Une réforme de notre système de répartition des pensions passerait nécessairement, dans l’esprit d’Emmanuel Macron, par un allongement de la durée du temps de travail. Proposer une telle mesure alors que la situation des seniors est très loin du plein emploi revient à rogner sur le niveau des retraites et, mécaniquement, à créer davantage de précarité.

Sur la nécessaire anticipation de la prise en charge de la dépendance liée au grand âge, ensuite. La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie a chiffré les besoins à au moins 9 milliards d’euros par an à l’horizon 2030, avec une montée en puissance progressive dès 2022. C’est d’ailleurs dans ce but qu’a été créée l’an dernier une 5e branche de la sécurité sociale, qui reste une coquille vide au moment où s’imprime ce magazine. A ce stade, les projets gouvernementaux ne précisent ni le montant ni les mécanismes de ce financement.

Enfin, et quoi qu’en dise la ministre déléguée à l’autonomie, une grande loi « dépendance-handicap », pourtant maintes fois promise depuis trois ans et demi, est bel et bien enterrée.

Face à tant de nonchalance, reviennent alors flotter les mots d’Oscar Wilde : « L’ambition est le dernier refuge de l’échec. »

Éditorial

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