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Le risque de dégrader les accompagnements

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Jusqu’à 50 colonnes à renseigner dans un tableau à la demande d’un financeur. Une même activité qui donne lieu à la fourniture de données diverses (tranches d’âge différentes, critères divergents de comptabilisation des résultats, etc.) pour répondre aux demandes spécifiques de chaque autorité de tarification. Des critères inapplicables et des chiffrages parfois impossibles à réaliser. Ces dernières années, la demande comptable d’évaluation des accompagnements réalisés par les établissements et services médico-sociaux a explosé. Au prix d’une nette diminution du temps accordé aux personnes suivies, comme le regrette Jérôme Casteran, éducateur à la protection judiciaire de la jeunesse (page 9) : « Il y a onze ans, je passais la moitié de mon temps avec les jeunes que je suivais. Aujourd’hui, si je suis sept heures par semaine avec eux, c’est un maximum. » Au prix, aussi, d’une forte dégradation des conditions de travail des professionnels, surtout ceux de terrain, confrontés à des tâches répétitives et à une perte de sens.

Certains chefs de service ou directeurs de structure (pages 10 et 11) se montrent moins sceptiques sur l’intérêt des évaluations. Mais le référentiel unique de la Haute Autorité de santé (HAS), en préparation et dont la mise en œuvre est annoncée pour janvier prochain, suscite chez de nombreux acteurs la crainte d’une uniformisation des pratiques et d’un morcèlement des tâches à évaluer par… 189 critères ! Autant de cases à remplir symbolisant presque la négation de la globalité des accompagnements proposés (page 8).

Trop souvent, alors qu’elle est supposée quantifier, pour l’améliorer, la qualité des prestations fournies, l’évaluation la dégrade. Surtout lorsqu’elle correspond davantage à des mesures administratives de surveillance plutôt qu’aux réalités de terrain. De quoi décourager des vocations ou provoquer des réorientations de carrière. Comme en témoigne Claire Champod, éducatrice spécialisée, à écouter dans notre podcast SMS (mettre lien bit.ly).

Certaines évaluations tiennent pourtant leurs promesses. Particulièrement lorsqu’elles émanent des bénéficiaires (page 12). Mais dans ce domaine, bien que la loi n° 2002-2 fête bientôt ses vingt ans, beaucoup reste à accomplir. Voire à inventer, pour s’adapter à la transformation de l’offre, aux suivis « hors les murs » en tout premier lieu. Une urgence, d’autant que, pour les personnes accompagnées, s’inscrire dans une démarche d’évaluation du service rendu peut contribuer à un mieux-être, en les conduisant à dépasser leurs situations individuelles.

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