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Copenhague prêt à tout pour se débarrasser de ses migrants

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Copenhague prêt à tout pour se débarrasser de ses migrants

Crédit photo Étienne Cassagne
Menacé par la montée de l’extrême droite, le gouvernement social-démocrate danois multiplie les mesures autoritaires, voire ubuesques, pour dissuader et chasser les demandeurs d’asile.

C’est un accord migratoire insensé que le gouvernement social-démocrate à Copenhague vient de conclure avec le Rwanda, provoquant la stupeur et la consternation générale des organisation non gouvernementales (ONG) : sur le point d’être ratifié par le Parlement, un projet de loi prévoit le transfert des demandeurs d’asile – pourtant déjà présents sur le sol danois – vers des centres d’accueil dans des pays tiers où leurs demandes seraient traitées. Après avoir cherché des accords avec plusieurs pays africains dont la Tunisie et l’Ethiopie, c’est finalement avec le gouvernement du Rwanda qu’un protocole d’entente a été signé par deux ministres dépêchés à Kigali à la fin du mois d’avril. « Le texte ne prévoit pas de dispositif permettant de demander l’asile depuis un pays tiers, ce qui veut dire qu’il faudra toujours revenir au Danemark », dénonce Michala Bendixen, présidente de Refugees Welcome, citée par le quotidien Le Monde, qui insiste sur le véritable objectif de ce projet : « Dissuader les demandeurs d’asile de venir au Danemark, ce qu’ils ne font déjà presque plus s’ils n’y ont pas de famille. »

Dangereux précédent

Amnesty International, qui publie régulièrement des rapports accablants sur la situation des droits de l’Homme au Rwanda, l’un des plus mauvais élèves du continent africain dans ce domaine, est également montée au créneau. « Toute tentative visant à transférer des demandeurs et demandeuses d’asile vers le Rwanda pour l’examen de leur demande serait non seulement déraisonnable, mais aussi potentiellement illégale. Le Danemark ne peut priver les personnes arrivant sur son territoire du droit de solliciter l’asile et les transférer dans un pays tiers sans les garanties requises. Ces projets transfèrent la responsabilité de l’Union européenne en matière de protection des personnes réfugiées comme jamais auparavant et créeraient un dangereux précédent en Europe et dans le reste du monde », souligne Nils Muižnieks, directeur pour l’Europe de l’ONG.

Face au tollé général, même Kigali a été contrainte de reculer. Tout en admettant avoir signé le protocole d’accord, le ministère rwandais des Affaires étrangères a assuré que ce dernier n’entérine pas encore le renvoi des demandeurs d’asile, puisque le préambule du texte précise qu’il n’est pas « juridiquement contraignant ». Le choix du petit pays de l’Afrique des Grands Lacs ne vient pourtant pas de nulle part. L’Agence des Nations unies pour les réfugiés a beau juger le projet du Danemark « contre-productif » puisqu’il enverrait des demandeurs d’asile supplémentaires dans un pays qui en accueille déjà plus de 130 000, c’est bien l’Organisation des Nations unies qui a ouvert la boîte de Pandore en évacuant, dès la fin novembre 2019, des centaines de réfugiés africains présents sur le sol libyen vers la dictature régie par Paul Kagame, légitimant en amont la démarche ubuesque opérée par le gouvernement danois.

En visant de manière tout à fait assumée l’objectif de « zéro immigration » afin d’assécher les discours de l’extrême droite, la social-démocratie danoise en vient à devancer les désirs de ses adversaires politiques. Un phénomène qui s’observe partout en Europe. Dans la Suède voisine, les droits des demandeurs d’asile reculent, avec la fin programmée du droit à des cartes de séjour permanent ou un durcissement du regroupement familial. Face à cette offensive, la société civile tente néanmoins de s’organiser. Le 19 mai dernier, des milliers de personnes ont défilé dans une vingtaine de villes du Danemark pour soutenir les déplacés syriens menacés d’expulsion vers leur pays, toujours en proie à la guerre civile : les autorités du Royaume ont récemment révoqué les permis de séjour de centaines de réfugiés politiques au motif que la région de Damas serait désormais « sans danger ».

… et d’ailleurs

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