La profession rend hommage à l’assistante sociale tuée dans l’Aube. Agée de 36 ans, Audrey Adam intervenait au sein du pôle « solidarités » du département de l’Aube. Elle a vraisemblablement été tuée lors d’une visite à domicile mercredi 12 mai. Un homme de 83 ans est suspecté d’avoir tiré sur la professionnelle spécialisée dans l’accompagnement des personnes âgées en difficulté, avant de se suicider.
Le monde du travail social et médico-social se mobilise pour saluer la mémoire d’Audrey Adam et interpeller sur ce meurtre qui met en lumière les difficultés et le manque de reconnaissance du secteur.
« Le peu d’information sur ce drame dans les médias nationaux témoigne du travail toujours maintenu dans l’ombre de ces professionnel.le.s engagé.e.s au quotidien auprès des populations les plus en difficultés », écrit le Syndicat national unitaire des assistants sociaux de la fonction publique (SNUASFP-FSU) dans un communiqué. « Cette nouvelle bouleversante a connu peu d’écho au niveau des médias et reçu un silence choquant du gouvernement », appuie l’Uniopss, qui rappelle que les travailleurs sociaux souhaitent qu’Audrey Adam soit promue dans l’ordre national de la Légion d’honneur à titre posthume.
Ce n’est pas la première fois, au cours de ces dernières années, que la profession se retrouve face à de tels drames. En 2017, une éducatrice spécialisée a été tuée par une résidente dans un foyer de Poitiers (Vienne). En août 2020, à Annecy (Haute-Savoie), une psychologue qui s’apprêtait à signaler une agression sexuelle sur mineur a elle aussi été assassinée. En février dernier, le responsable d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) de Pau (Pyrénées-Atlantiques), a succombé à des coups de couteau portés par un résident du centre.
Soutien à la parentalité : la posture des travailleurs sociaux pèse sur l’engagement des familles issues de l’immigration. Les dispositifs de soutien à la parentalité ont pour objectif d’aider les parents à renforcer leurs compétences parentales, quelle que soit leur origine sociale et culturelle.
Pour savoir si les normes et pratiques parentales des familles issues de l’immigration sont prises en compte dans ces dispositifs, ou si la doctrine de la branche « famille » reste un idéal difficile à atteindre, Anne Unterreiner, sociologue et chargée de recherche et d’évaluation à la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), est allée, entre 2018 et 2020, à la rencontre des parents et des intervenants dans les lieux d’accueil enfants-parents, les réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents de trois départements.
L’étude relève quatre grands types de pratiques des intervenants à l’égard des familles accompagneés : une posture « pragmatique », qui s’adapte à elles ; une posture « réflexive », centrée sur le non-jugement et la distanciation par rapport à leur propre système de valeurs ; le « soutien » et la « valorisation des compétences parentales » ; et enfin, a contrario, la volonté d’imposer aux familles leur idéal parental.
Ces postures des intervenants et le type d’actions proposées ont des conséquences directes sur l’engagement des familles dans les lieux de soutien à la parentalité : « Plus les intervenants sont dans une posture de transmission de savoirs et de sachants, moins la parole des parents est possible et prise en compte. Plus ils emploient des registres “prêts à penser” et sont dans l’injonction normative à l’égard des familles, moins elles dévoileront leur contexte de vie. »
L’étude distingue aussi les structures dans lesquelles les actions correspondent à une transmission à sens unique des savoirs de celles où les parents sont « actifs dans l’organisation, l’animation et le contenu des échanges ». Elle en conclut que, lorsque les interactions sont plus égalitaires et la participation parentale libre, les parents peuvent s’engager activement, ce qu’ils ne feront pas si les relations avec les intervenants sont inégales et contraignantes.
Prison de Bédenac : conditions de détention inhumaines pour les personnes dépendantes (CGLPL). Atteintes à la dignité, à la santé, à la sécurité… Tels sont les motifs pour lesquels la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) a transmis, le 16 avril, des recommandations en urgence aux ministres des Solidarités et de la Santé, de la Justice et de l’Intérieur.
Publiées au Journal officiel du mardi 18 mai, elles portent sur des atteintes graves aux droits fondamentaux de personnes dépendantes incarcérées au centre de détention de Bédenac (Charente-Maritime) où une « unité de soutien et d’autonomie » leur est dédiée.
Que les pathologies des détenus soient mentales ou physiques, sur place, le matériel médical est inadapté et l’intervention des soignants insuffisante. Par exemple, « sur les huit personnes qui ne se déplacent qu’en fauteuil roulant, sept n’effectuent le transfert lit-fauteuil qu’au prix d’efforts et de contorsions importants, aidées par la potence du lit mais avec un risque de chutes fréquentes, d’autant que certaines n’ont plus l’usage d’un bras, d’une jambe ou des deux jambes », explique la CGLPL. De plus, l’aide au ménage, à la toilette et à la gestion de l’incontinence n’est pas assurée quotidiennement.
Autre fait grave : le médecin généraliste exerçant sur place a quitté ses fonctions pour des raisons éthiques liées aux conditions d’hébergement et de soins des patients de l’unité.