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Togo : les nouvelles technologies pour faire reculer la pauvreté

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Togo : les nouvelles technologies pour faire reculer la pauvreté

Crédit photo Étienne Cassagne
Un programme financé par la Banque mondiale en Afrique de l’Ouest ambitionne de faciliter l’accès aux services sociaux des populations vulnérables. Mis en place en avril 2020 au Togo, il s’appuie entre autres sur les algorithmes et les services d’argent mobile.

Au mois d’avril 2020, la Banque mondiale approuvait un financement de 273 millions de dollars au profit de l’Association internationale de développement (IDA) pour faciliter l’accès aux services sociaux à des millions de personnes. En particulier les femmes et les catégories les plus pauvres d’Afrique de l’Ouest, au Niger, au Bénin, au Burkina Faso ou encore au Togo. « Le programme d’identification unique pour l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest apportera aux pays des avantages considérables, tant au niveau national que régional », dans l’accès aux services de base tels que la protection sociale et médicale, la retraite ainsi que l’inclusion financière et numérique, l’autonomisation des femmes et des filles ou la mobilité des travailleurs promettait alors Deborah Wetzel, directrice de l’intégration régionale en Afrique à la Banque mondiale.

L’organisme vient de rendre publics ses premiers résultats concernant le Togo, pays de 8,1 millions d’habitants, qui était parvenu, jusqu’en 2019, à faire reculer la pauvreté. Avant que les ravages de la pandémie sanitaire liée à la Covid-19 n’entraînent une nouvelle envolée de la misère : en 2020, 22 % de la population a eu besoin d’une assistance humanitaire et 24 % des enfants de moins de 5 ans ont souffert de malnutrition chronique, alors qu’un retour à la situation « ante-Covid » n’est pas prévue avant 2022, selon les scénarios les plus optimistes.

Définition des besoins vue du ciel

« Entre novembre 2020 et mars 2021, 57 000 nouveaux bénéficiaires ont reçu en priorité des versements sociaux sans contact » en recourant aux algorithmes prédictifs, se félicite la Banque mondiale. Grâce à un programme informatique baptisé « Novissi », qui s’appuie sur des images à haute résolution obtenues par satellite et des données de consommation des ménages représentatives à l’échelon national, affinées ensuite par les « métadonnées des portables et les enquêtes par téléphone ». Les clichés pris du ciel permettent par exemple d’identifier des signes extérieurs de confort et de bien-être, tels le nombre et la qualité des routes, ou la présence de toits métalliques. Un mécanisme qui a contribué à pallier les carences du gouvernement, dont les derniers recensements et évaluations des besoins des plus démunis remontaient à 2011.

Le système aurait déjà permis de prédire les habitudes de consommation de 5,7 millions d’habitants, soit 70 % de la population, avant de cibler et de prioriser les individus les plus pauvres. En 2021, la Banque mondiale, qui travaille en étroite collaboration avec les autorités togolaises, entend multiplier les enquêtes par téléphone et en face à face pour « consolider les modèles » et « repérer les biais prédictifs involontaires défavorables aux bénéficiaires vulnérables comme les femmes, les personnes analphabètes et les groupes marginalisés ».

Dans un pays autoritaire, voire dictatorial, comme le Togo, un ciblage technologique d’une telle ampleur et son éventuelle exploitation politique interpellent, même si la Banque mondiale assure que ses « systèmes inclusifs et fiables » garantissent « la protection des données » grâce à une « conception basée sur l’être humain », et insiste sur ses partenariats avec l’université de Californie à Berkeley, l’ONG américaine Innovations for Poverty Action ou l’université Northwestern. De manière paradoxale, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international avaient eux-mêmes largement contribué à l’explosion de la grande pauvreté en Afrique de l’Ouest, à la suite de l’effondrement des prix des matières premières dans les années 1980, en conditionnant leurs aides à des programmes d’ajustements structurels prévoyant une baisse drastique des budgets alloués aux services publics.

… et d’ailleurs

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