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Migrations, lutte contre la délinquance ou contre la radicalisation religieuse. Appuyé par des administrateurs influents, le Groupe SOS s’est positionné depuis quelques années sur les dossiers socio-sécuritaires les plus épineux.

« Je suis le spécialiste de l’antichambre de minis­tre et du dîner en ville ! », déclarait en 2011 Jean-Marc Borello au Journal de l’Ecole de Paris du management. Au fil des années, le président du Groupe SOS s’est en outre bien entouré, notamment par le biais de son conseil d’administration, composé d’une trentaine de membres. En juillet 2019, Sophie Ferraci, directrice de cabinet d’Emmanuel Macron de 2016 à 2017, a ainsi été nommée présidente de SOS Jeunesse, un des pôles du groupe. A ce poste, l’avocate d’affaires peut suivre de près la question des centres éducatifs fermés (CEF), alors que la construction d’une vingtaine d’établissements de ce type a été inscrite au budget de l’Etat pour 2021.

La création de ces nouveaux centres, très onéreux, était au cœur du projet présidentiel d’Emmanuel Macron. Et ce, malgré les réticences de nombreux acteurs craignant qu’ils ne deviennent « la solution unique en matière de placement » (voir ASH n° 3197 du 19-02-21, page 14). Or, sur cette question, le Groupe SOS est en première ligne. Sa branche SOS Jeunesse compte déjà cinq CEF, auxquels devraient s’ajouter prochainement trois centres supplémentaires en Loire-Atlantique, en Guyane et dans le Vaucluse.

L’accueil des réfugiés après Calais

Jean-Marc Borello compte également parmi ses administrateurs historiques, au sein du pôle SOS Seniors, le préfet honoraire Alain Régnier, nommé en 2018 délégué interministériel chargé de l’accueil et de l’intégration des réfugiés (Diair) – une autre problématique bien connue du groupe depuis plusieurs années. Le pôle SOS Solidarités avait en effet renforcé ses activités dans ce domaine à partir de 2015. Quelques mois avant le démantèlement de la « jungle » de Calais, il s’était vu confier la réalisation, sur le site de la Lande, des diagnostics sur la situation sociale et administrative des personnes. Après les premières opérations gouvernementales sur le site au mois de février, le pôle avait ensuite mobilisé une équipe de travailleurs sociaux dans l’objectif d’informer les migrants, pendant plusieurs mois, sur les départs en bus pour les centres d’accueil et d’orientation (CAO), avant qu’il leur soit éventuellement proposé une place en centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada). A cette époque, le Groupe SOS gérait seulement un Cada en Ile-de-France, avant d’en ouvrir cette même année sept supplémentaires à travers la France. A l’heure actuelle, il compte treize Cada ainsi que dix dispositifs d’hébergement d’urgence dédiés aux migrants.

Très actif sur le sujet, le géant associatif s’était toutefois distingué fin 2017 des autres grands acteurs de l’hébergement des migrants en ne s’associant pas à une lettre ouverte adressée au chef de l’Etat. Envoyée par une vingtaine d’associations, la missive rappelait « le principe d’accueil inconditionnel » et alertait au sujet « du dispositif d’accueil des demandeurs d’asile et du rôle attribué aux associations dans l’orientation de ces publics ». La Fédération des acteurs de la solidarité, la Fondation Abbé-Pierre, l’Uniopss, Aurore, Emmaüs Solidarité, Médecins du monde, l’Unicef, France terre d’asile et d’autres s’inquiétaient des réformes en cours qui plaçaient les associations gestionnaires « dans des missions de contrôle contraires à la déontologie du travail social, qui nécessite confiance et adhésion au projet de la personne ».

Lutte contre le terrorisme

Autre programme géré par le Groupe SOS : la déradicalisation. Jean-Marc Borello l’a largement évoqué, le 1er mai dernier, dans une tribune publiée par le Journal du dimanche. Un texte qui dénonçait « la récupération politique des drames liés au terrorisme ». Son groupe s’occupe de ce dossier depuis 2018, à la suite de la relance d’un appel à projets pour la mise en place du programme sur plusieurs sites. Auparavant piloté en Ile-de-France, deux ans durant, par l’Apcars (Association de politique criminelle appliquée et de réinsertion sociale), le projet « Rive » avait été transféré en quelques semaines au Groupe SOS, qui avait décroché tous les marchés en France. Frédéric Lauféron, l’ex-directeur de l’Apcars, avait alors dû licencier une dizaine de salariés et rapidement cesser le suivi opéré par ses équipes. Il regrette que la prise en charge individualisée, au travers d’un dispositif de mentorat mis en place par son association, ait été abandonnée. Selon lui, le monde associatif navigue aujourd’hui dans un système à deux vitesses. « Il y a deux mondes : l’un, associatif et un peu à l’ancienne, avec des petites et des moyennes structures qui sont pour certaines très spécialisées dans leur domaine d’activité. Et l’autre, avec des mastodontes où il est plus difficile de percevoir le projet associatif. Et c’est surtout le cas pour le Groupe SOS, qui a noyauté tous les domaines, “de la naissance à la mort”. Selon moi, cette rationalisation du secteur associatif demandée et assumée par l’Etat nous appauvrit énormément. Nous perdons le savoir-faire, l’historique, tout ce qui constituait nos singularités et notre diversité. »

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